°g°erboiseries*

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Petit exercice débile comme je les aime (I)

Ce matin en TD :

M. Duschmoll a deux enfants. On sait qu’il a une fille. Quelle est la probabilité que l’autre soit un garçon ?

Réponses proposées par les étudiants : 1, 1/2, 2/3.

Je les aime bien cette année. Pour l’instant ces 5 heures passent vite. Pourvu que ça dure.

Chefs

Depuis que je me balade avec mon sweat à capuche, je me fais aborder par les racailles. On m’apostrophe d’un « Chef ! » plutôt fraternel, puis on me demande comment rejoindre Strasbourg – St Denis, ou alors on cherche à me taper une clope. C’en est presque dommage que je ne fume pas. Mais je me demande d’où vient ce « Chef » plus précisément. Il est aussi employé par certains patrons de cantines chinoises. « Merci chef ! ».

À part ça, mon chef se casse pour une semaine. « Merci chef ! », c’est le cas de le dire.

Laurent

Je promenais mon spleen depuis deux bonnes heures dans l’automne dominical. Il débarque sur les sentiers, les parcourt énergiquement. Son regard est moins fuyant que l’ordinaire des buissons ; moins fuyant que le mien en tout cas. Un petit mec looké racaille, une petite tête ronde, un brun coupé tout ras comme ils savent me plaire. Une paire de Nike blanches faussement vintage, un jean pas trop banal, un sweat à capuche bien ajusté. Une petite boucle d’oreille. J’ose m’approcher, à tâtons, pas sûr de moi. Normal, il me plaît. Il ne bouge pas trop, remarquez il pourrait se casser ostensiblement sous mon nez. Une main au paquet, oué, trop cool, les présentations sont faites, maintenant va falloir essayer de le garder un peu.

Je n’arrive pas à défaire sa ceinture, il y a des moments où on se sent quand même super godiche. Alors, bon prince, il le fait pour moi. Il donne des signes de nervosité, il me fixe d’un air mi stoïque, mi joueur. Un petit animal craintif mais curieux. On retourne à nos affaires. Puis il me regarde à nouveau, et ainsi de suite. Pas un mot, sinon je sens trop qu’il va décamper. Les racailles ça s’effarouche pour un rien. L’intimité, ça les offusque vite. On n’est pas des pédés, merde.

Au détour d’un mouvement de poignet, le voilà qui dépose comme ça, à la sauvette, un petit bisou au coin de mes lèvres. Stupeur, douce stupeur, mais une seconde et demie plus tard je lui ai chopé la mâchoire et nous nous dévorons avidement. Les caresses sont donc permises, doux Jésus, je n’en demandais pas tant ! Mes mains au creux de sa nuque, sur son torse, autour de ses reins. Ma tête sur sa capuche, mes yeux dans ses baskets. Et ses baisers… il m’embrasse les yeux ouverts. Alors je fais pareil.

La fin approche dans des gémissements que je ne me connaissais plus. Un peu de tenue, bon sang. C’est sûr qu’il va s’évanouir dans la nature une fois le film terminé. Hé bien non, encore raté. « Je suis censé être allé au pain », qu’il me dit en souriant, un peu gêné. « Tu fumes ? » en me tendant une clope. Je savais bien qu’il fumait des Marlboro. Sans avoir jamais fumé de ma vie. On se quitte devant la mairie. Il me tend la main. Au revoir Laurent. Merci pour tout.

Le dégré zéro du débat scientifique

L’essentiel du TD avait été magistral. Comprendre : je fais moi-même les exercices au tableau, en commentant quelques passages que je sais un peu difficiles. Ils peinent à suivre parce que ça va toujours trop vite, parce qu’ils n’ont pas préparé, bien entendu. Mais en théorie on doit finir la feuille, donc je n’ai guère le choix, il faut bomber.

On arrive au premier exo de probabilités, très élémentaire. Trois événements A, B, C, et des questions du genre « comment écrit-on l’événement “seulement A est réalisé” ». Je fais des patates au tableau avec des petites croix dedans. Et je les interroge. « Qu’en pensez-vous ? Je vous écoute. »

Une jeune fille me donne une réponse : la bonne. Je l’inscris au tableau, impassible. « Vous êtes tous d’accord ? Avez-vous des propositions alternatives ? ». Un étudiant, qui répond constamment à mes questions, propose autre chose à tâtons. Complètement faux. J’écris sous sa dictée. Puis un troisième, idem. Et après, silence. « N’ayez pas peur, lancez-vous, sur ce genre d’exercice les bêtises sont plus intéressantes que la bonne réponse ». Pas de réaction. « Bon alors on va faire un sondage ; qui est pour la première ? » Un doigt se lève ; je note “1” à côté. « Qui est pour la deuxième ? ». Pas de réaction. « Tiens, une désertion. Qui est pour la troisième ? » Trois doigts se lèvent. « Bon, et les autres ne pensent rien. Assumez donc, les maths elles ne m’appartiennent pas, normalement vous êtes capable de discerner le vrai du faux. Qui ne sait pas ? ». Cinq ou six se dévoilent timidement.

Je m’intéresse à la deuxième proposition, et j’explique pourquoi c’est faux. « Une probabilité, qu’est-ce que c’est comme type d’objet ? ». Rien. « Vous lancez une pièce en l’air, quelle est la proba d’obtenir pile ? ½, c’est ça, et ½ c’est quoi ? Un nombre, oui, bien. Donc une proba, c’est un nombre. Contrairement aux événements qui sont des… ensembles, oui, voilà. Alors ne mélangez pas les deux, s’il vous plaît, la deuxième proposition n’a aucun sens. »

La salle commence à s’animer. Ils font de nouvelles propositions, des gens qui dormaient se prennent au jeu. On me donne d’autres bonnes réponses, formulées autrement. Ceux qui se sont trompés se corrigent et s’approchent peu à peu de la bonne réponse. Là je me laisse un peu déborder par le désordre que cela engendre, l’heure tourne, mais ce n’est pas du temps perdu : ils commencent à s’impliquer. Ce qui est certain, c’est que je peux être satisfait de mon entreprise de séduction. Mais ce n’est pas le plus important à mon sens.

Ce qui s’est passé est le degré zéro du débat scientifique. Dans l’idéal, il faudrait ensuite les faire argumenter pour défendre leurs propositions face à leur camarades, histoire de faire émerger peu à peu l’intérêt du raisonnement mathématique, de son universalité lorsqu’il est rigoureux. Tout cela sans diaboliser l’erreur, mais en l’exploitant calmement. Dans ce cadre les étudiants font vraiment des maths. Plutôt que de les subir, ils se les approprient. Un doux rêve, mais tellement exaltant.

Auto-référence

Photo du bar-resto-librairie La PasserelleRepas improvisé avec Lapin et Choubichou à La Passerelle, charmant endroit que je ne saurais trop recommander. Lapin est en forme, cabriolant d’un sujet à l’autre. Il se lance pour nous dans une explication de texte de Laurent. J’ai tout de suite le sentiment que nous entendons mon récit de la même manière. Il parle de l’excitation et du désir, de leur nature différente, du passage de l’un à l’autre qui peut surgir mystérieusement en toute circonstance. De l’atteinte miraculeuse du point virginal de l’autre.

Régulièrement, j’ai l’agréable sensation que Lapin et moi partageons une empathie singulière, parfois surprenante. À l’inverse, au cours de la conversation, Choubichou reste un peu en retrait, plus extérieur à ces univers ; je me dis qu’on ne peut appréhender les lieux de drague que si on les a vécus. Vus de l’extérieur ils paraissent absurdes, sordides et effrayants. À moi ils me paraissent tellement humains.

Certes on y rencontre la misère humaine. Je dis que cette misère, après tout, est le lot de tout un chacun. Lapin me demande, sur un ton teinté de défi, si l’on doit s’en contenter. Je ne sais pas. La révolte chrétienne m’inspire tellement de méfiance. Outre les hypocrisies qu’elle recouvre souvent, elle me gêne en ce qu’elle vise à éradiquer la part sombre, dans un rêve d’amour, de pureté et de sainteté, comme si l’on pouvait s’échapper par le haut. Je préfère entretenir la tension, approcher la fange pour mieux m’en extraire, confronter l’immonde et le sublime. Laurent est une expérience de vie que je trouve pleine, entière.

Sinon, il devient urgent de me replonger dans Céline. Attendons que l’automne s’installe ; cette fois ce sera « Mort à Crédit ».

X/I day

X/I/00. Ce fut à une époque mon pseudonyme sur le net. Je signais ainsi les courriers électroniques, ce qui ne manquait pas de susciter des interrogations. Quelle idée de s’affubler d’un pareil nom de scène…

Comptons ensemble les lettres de l’alphabet. Le I arrive en 9ème position, et le X se trouve peu avant la fin, 24ème. X/I/00, 24/09/00. 24 septembre 2000. J’avais voulu fixer le souvenir de cette date, et pour m’aider à la retenir, je l’avais traduite dans l’alphabet ; puis m’est venue l’idée de m’identifier au résultat.

Le 24 septembre 2000, dans la chambre de mon meilleur ami, chez sa mère, je faisais le grand saut : j’affirmais mon homosexualité pour la première fois. Les mots avaient été difficiles à extraire de ma gorge ; toute ma volonté réunie avait encore peiné à les expulser. Mais le choix de vivre conformément à ce que je sentais depuis des années a finalement trouvé les moyens de s’exprimer.

Certains garçons apprivoisent leur homosexualité par les actes avant de le faire par les mots. Pour moi il était capital de verbaliser avant d’agir, enfin en accord avec moi-même. Le 24 septembre 2000 a marqué un basculement irréversible dans une nouvelle période de ma vie : cette fois, j’étais homosexuel, il n’y avait plus à tergiverser. Et je n’allais pas tarder à devenir pédé, ce que je suis toujours aujourd’hui.

Je me suis rarement senti tant porté par l’évidence que pendant la période qui a suivi le X/I day. Tous les efforts déployés précédemment pour contenir l’attraction sexuelle s’étaient relâchés ; il s’agissait maintenant de convier un à un mes amis à cette heureuse transition. Bientôt, mettre la famille proche dans la confidence deviendrait tout aussi évident. Les choses se sont faites, sans heurts majeurs, me laissant bien au contraire de tendres souvenirs.

Ce jour marquait pour moi l’avènement d’une sorte d’“ère affective et sexuelle”, au sens où je pouvais désormais explorer ces domaines avec une spontanéité toute nouvelle. Je rompais avec une logique de contrainte et de labeur ; le plaisir et l’émotion devenaient les nouveaux dieux de mon existence. Les mathématiques devaient en souffrir, ainsi que d’autres centres d’intérêt “intellectuels” : comme pour l’illustrer pleinement, j’ai abandonné le cours d’arabe pour m’investir dans l’associatif gay et lesbien…

J’étais en quête constante d’intensité, brocardant toute tentative de construction patiente et laborieuse. J’ai bravé mes vieux interdits, je suis finalement tombé amoureux quelques fois ; j’en ai souffert. Parallèlement, l’amitié fusionnelle telle que j’avais pu la vivre explosait avec fracas, me laissant, un peu hagard, en quête de rencontres sur les chats si prometteurs d’aventure.

Cinq ans après, j’ai l’impression qu’une page se tourne. Je suis tenté de dire que ma véritable crise d’adolescence, faite un peu en retard, prend fin maintenant. Le sexe, les relations faciles et le garçon idéal sont descendus de leur piédestal et suscitent une indifférence grandissante. Aujourd’hui je rêve plus de m’épanouir dans mon travail et de retrouver une famille.

Si je ne cherche pas à renier les cinq années passées et à prôner un retour à l’ordre moral, j’ai besoin de déplacer mes priorités, riche des enseignements de ces cinq dernières années. J’ai sans doute cru que l’on pouvait se réaliser en se focalisant sur le sexe ou la recherche d’un conjoint. Désormais, j’ai envie de voir ce que je peux mettre autour de ça – et pas seulement pour décorer.

Asthénie syntaxique (II)

Donnie Darko. Dormir seul. Très bien, Donnie Darko. Et Joy Division dans la BO.

Asthénie syntaxique (I)

TD pas désagréables. Surtout l’après-midi. Pourtant 3h avec eux. Tremblay dans le RER. (Bonne) Lassitude. Yaourth Mamie Nova sucré au miel d’acacia. Soirée indolente en perspective. Interpol. Douche chaude. La Cité des Enfants Perdus. Ou alors Donnie Darko. Avec Thomas. Dormir à deux ?

Alain et Bertrand vont au casino

Contre toute attente, la préparation des TD pour demain s’est avérée vraiment pénible. C’est la troisième année que je vais faire les mêmes exos avec les deuxième année. Mon endurance à la répétition est minime, c’est d’un rébarbatif absolu. Je vais peiner à faire chanter les maths demain soir. Imaginez un peu : un TD de maths le vendredi de 14h à 17h15 avec un enseignant déjà bien fatigué par les deux heures du matin, et des exercices chiantissimes… Dans ces moments je me dis qu’il faut que j’évite à tout prix de devenir prof de prépa, parce que là, on répète les mêmes âneries pendant facile une vingtaine d’années, et on a beau dire, les maths à bac +1 ou bac +2 quand on en a vu d’autres, ça devient vite cake pour le prof.

Je me console en me disant que je ne choisis pas les exos – ils sont préparés par les profs d’amphi afin que tous les groupes de TD fassent les mêmes – et que ceux-là sont quand même bien nuls. À mes bios, j’aime bien faire des exos qui partent d’un problème un peu concret, où les maths aident à répondre à une question qu’on peut se poser sans avoir trop l’impression que le prof a inventé la-dite question juste pour démontrer que son cours n’est pas totalement inutile.

Cela dit, avec des problèmes médiocres, je peux quand même faire un bon TD si les étudiants ne sont pas trop limaces. S’ils posent quelques questions, ou s’ils me sortent des bêtises conceptuellement intéressantes, normalement je rebondis bien. C’est ces moments qui sont inestimables : quand s’instaure un dialogue autour de la matière. Pour y parvenir, il ne faut pas fermer toutes les issues en préparant le TD trop en détails. Ça tombe bien, là ça me lourdait tellement de tout réécrire que j’ai décidé de faire confiance à mon expérience et à mes souvenirs de l’année passée… Reste à voir les bestiaux que j’aurai demain en face de moi.

Je suis le roi de la saucisse

Montbéliard sur lit de poireauxCe soir, Farkas vient manger à la maison. Je m’apprête donc à délaisser l’ordinateur pour me mettre aux fourneaux. Ce sera “Véritables saucisses de Montbéliard sur fondue de poireaux”. Une recette pas très compliquée que j’expérimente ce soir : on fait revenir des échalotes dans de l’huile, on ajoute des poireaux coupés en rondelles et du vin blanc, sel et poivre, deux belles saucisses de Montbéliard, on laisse plou-plouter une demie heure à couvert, et on ajoute de la crème en fin de cuisson. Petite touche personnelle : une petite branche de céleri, et quelques pommes de terres. On vous dira si c’est bon. Et merde, j’ai oublié de prendre du tonic pour finir ce fond de Becherovka en apéro, c’est ballot. Mais tant qu’il y a de la saucisse…

Nouveau départ

27 septembre 2003 – 20 septembre 2005. Mon compte Rezo-G s’est éteint après une longue agonie. Le présent billet tient lieu de faire-part. Ni fleurs ni couronnes. La cérémonie d’adieu aura lieu dans l’intimité de la famille et des proches.

Je n’avais plus rien de constructif à y faire. Il est temps de grandir. Le chat, dans le but de faire des rencontres, a été un moyen de surmonter ma timidité, ma peur des cercles sociaux où je me trouve inexistant. Cela m’a permis de rencontrer nombre de personnes intéressantes, de faire des expériences affectives et sexuelles variées, du moins dans un premier temps. Tout cela dans le confort apparent : quoi de plus simple que de se brancher sur un, puis deux, trois ou quatre sites de chats, dans l’attente plus ou moins patiente d’une rencontre captivante ?

C’est très simple ; trop simple. Chez quelqu’un comme moi, cela finit par devenir un réflexe incontrôlable, et par prendre beaucoup trop de place. Non seulement c’est une activité gourmande en temps, parce qu’une fois connecté on ne voit plus l’heure tourner. Mais on se retrouve ainsi immergé dans un océan de possibles, courant souvent plusieurs lièvres virtuels à la fois, s’y perdant parfois un peu, dans l’angoisse de laisser filer le plus prometteur, qu’on suit d’un peu plus près.

Mais à la rencontre, dans la grande majorité des cas il ne se passe plus rien : proverbial décalage entre le personnage virtuel et la personne réelle. Je ne crois pas que les gens soient si mythomanes que certains le clament volontiers ; ce personnage virtuel, on se le construit pour moitié à partir de ce qu’est l’autre devant son clavier, et pour moitié avec nos propres fantasmes que l’on plaque dessus. À la rencontre, on se sent presque obligé de coucher, mais la plupart du temps l’histoire s’arrête là. Et tout devient très répétitif.

J’ai l’impression que ce monde virtuel a pris tant de place que je me suis mis en retrait dans mes relations sociales. Je ne dis pas que je me suis coupé de tous mes amis, mais j’ai la sensation de m’être beaucoup protégé de l’intimité de ces relations. Surtout, ne pas trop donner : cela ne sert à rien puisque la vraie vie est sur le net. Fuir la réalité, avec ce qu’elle a de laborieux, et préférer le réconfort d’hypothétiques ailleurs plus exaltants. C’est un peu comme si on devenait touriste dans sa propre vie.

Je ne dis pas qu'aujourd'hui, je romps nettement avec ces logiques fallacieuses ; je ne suis d’ailleurs pas très sûr du diagnostic que je viens de faire. Toute cette année, j’aurai progressivement réduit ma consommation virtuelle. Le blog est le traitement de substitution que j’ai choisi à la drogue du chat. Il a sans doute ses travers lui aussi, mais au moins, il requiert quelques efforts : le risque est moindre de s’y abîmer béatement.

Sexe, langues et mathématiques

Samedi rime avec ennui, je me réfugie pour tuer le temps dans une escapade aux Buttes. Peu de monde, je patiente plutôt que de faire n’importe quoi avec n’importe qui. Un joli garçon débarque. Dans la pénombre du soir déclinant, je réalise que je le connais déjà, qu’on s’était déjà chopé il y a deux semaines. Il s’est rasé, s’est coupé les cheveux, on réalise désormais que c’est un beau jeune homme. Nous ne nous étions rien dit la fois d’avant, juste de l’action. Je m’étais imaginé qu’il ne parlait pas français, ou difficilement. « Tu veux qu’on aille chez moi ? » demande-t-il d’une voix amicale et posée, et je quitte le monde du piètre fantasme sexuel. Il s’incarne. C’est un Thomas.

Le chemin jusque chez lui réserve des surprises. Thomas habite en face d’un bar jadis fréquenté par RCQ. Évidemment il le connaît. Un peu plus tard, il me demande ce que je fais, et prend un air entendu quand j’évoque ma thèse de maths ; lui est prof en collège (de maths aussi), et sors d’une relation avec un normalien cachanais (en maths aussi). Évidemment je croise ce garçon dans la plupart des soirées où je mets les pieds. Le monde est petit, surtout le monde des pédés.

Arrivés chez lui, il m’offre une bière. Nous bavardons longuement sur son lit, sans drap ni couverture. Nous oublions bien vite notre dessein initial. Sur les lieux de drague, on ne vient pas pour baiser, on vient pour tuer le temps. En bons matheux, nous nous laissons aller à notre lubie commune. Schéma illustrant le paradoxe de BertrandJe remarque un livre sur la théorie de Galois, il me parle géométrie du triangle, et pour faire le lien avec mes chères probabilités, je lui raconte le paradoxe de Bertrand (tout le monde en aura donc soupé). Il évoque enfin un problème de répartition de sommes d’argent entre amis randonneurs. La tension érotique est à son comble – insérer ici un sourire complice, un baiser aguicheur et un intermède pornographique.

Encore tout humides de nos sueurs mêlées, nous parlons voyages. L’Égypte émerge de mes souvenirs, et le cours d’arabe à sa suite. Je lui récite scolairement l’alphabet arabe. Les consonnes emphatiques ont du succès, il essaie de les prononcer à ma suite. Lettre arabe qafMais c’est le qaf qui rafle la mise, là sa tentative est un désastre, et je suis fier de mon petit effet. Je lui explique tout de même pour le rassurer que les Égyptiens se débarrassent bien volontiers de cette consonne si épuisante à prononcer. À son tour, il égrène les deux alphabets tamouls, les consonnes et les voyelles, qui se combinent pour donner des centaines de lettres enrubannées, puis me confie à mi voix son mépris pour l’hindi, que j’ai peut-être entendu dans les comédies musicales de Bollywood. Me voilà bien bête, tout à coup.

Au sortir de la douche, je le trouve sur son ordinateur. Il me montre, un rien ironique, le soin avec lequel il y range ses cours. Puis il arrache une feuille de son carnet, me tend son numéro. Je plie la feuille soigneusement, je la déchire suivant la marque. Sur la moitié restante j’inscris le mien. À un chiffre près, tous les numéros des départements de ma région d’origine y figurent.

Nick Hornby, Haute Fidélité

Nick Hornby, Haute FidélitéJe n’apprendrai rien à personne en disant que ce livre m’a plu, comme il doit plaire sans doute à tous les gens un peu sentimentaux, obsessionnels et mélancoliques. Au lendemain d’une rupture, le narrateur, trentenaire (et hétérosexuel, pour une fois) fait l’inventaire de son passé affectif et s’interroge sur son impuissance à s’approprier sa vie, peuplée de la musique pop qu’il vend dans son magasin au bord de la faillite. C’est écrit avec beaucoup d’humour (anglais), ce n’est pas aussi complaisant qu’on pourrait le craindre, et absolument pas plaintif. Les personnages passent leur temps à dresser des listes, les collections de disques sont soigneusement reclassées après une rupture, un certain snobisme non assumé transpire de la passion du narrateur pour la musique. Et cette manière qu’il a d’exorciser le passé en tuant symboliquement ses ex les unes après les autres… une véritable chasse aux fantômes que je ne renierais pas.

« […] Voilà pourquoi nous restons ensemble. Tu as un potentiel. Je suis là pour l’exploiter.
— Un potentiel de quoi ?
— D’humanité. Tu as tous les ingrédients de base. Tu es vraiment un type aimable, quand on y pense. Tu amuses les gens quand tu en fais l’effort, tu es gentil, et quand tu décides que tu aimes bien quelqu’un, tu lui donnes l’impression qu’il est le centre du monde, ce qui est très excitant. Le problème, c’est que la plupart du temps, tu fais pas l’effort.
— Non. » C’est tout ce que je trouve à répondre.
« Tu… enfin, tu n’arrives rien à faire. Tu te perds dans tes rêveries, tu passes ton temps à penser au lieu de te mettre à quelque chose, et la plupart du temps tu penses des bêtises. On dirait que tu rates tout le temps ce qui est en train de se passer.
— C’est la deuxième chanson de Simply Red sur cette cassette. Une, c’est impardonnable, deux, c’est un crime de guerre. Je peux avancer la bande ? » J’avance la bande avant d’avoir une réponse. J’arrête sur un truc affreux de la période post-Motown de Diana Ross, je râle. Laura continue sur sa lancée sans y faire attention.
« Tu connais cette expression : “Reculer pour mieux sauter” ? C’est tout toi. […] »

Inconfort

J’essaie d’éclaircir l’histoire avec l’artiste-peintre, mais tout ce qui apparaît clairement, c’est ma résolution à le maintenir à distance, et le choc de son égoïsme contre le mien. Après tout n’est qu’arguties interminables.

Le jeûne sexuel commence à se faire sentir : sensation curieuse, ressurgissant d’un passé oublié, et que j’observe patiemment. Le « plutôt très bon sexe » évoqué par NeimaD au détour d’une phrase suscite une envie teintée de nausée (est-ce la pizza ?) Je parcours les profils de Rezo-G, je « mate ». Cela s’arrête là, je n’ai pas envie d’aborder les gens – et c’est tant mieux, c’est conforme à ce que j’essaie de devenir. Il y a suffisamment de profils de pétasses associatives pour m’en dissuader. Souvenirs aigres. Je me contente de bavarder avec mes contacts. Je ne donne pas mon numéro de téléphone quand cela pourrait mener à faire la connaissance d’un garçon des blogs qui pique ma curiosité.

Mon ex Nicolas F. refait surface sur la blogosphère, toujours le même en un peu plus vieux. J’ai envie de démêler l’écheveau de notre relation qu’il avait balancé par la fenêtre, brutalement, sans me laisser le choix. Deux ans après, il serait temps de dissoudre le substrat nocif de ce fantôme. Je doute qu’il m’en offre la possibilité. J’ai envie de démêler l’écheveau de cette relation datant d’il y a deux ans. Une relation marquante, tourmentée, ignoble et magnifique. Tout à mon souci de me protéger, je l’avais plaqué. Il m’avait claqué la porte au nez un peu plus tard. Depuis son fantôme me poursuit en silence. Je ne sais comment m’y prendre, alors je laisse un message débile sur son blog.

Quel refuge que la chaleur des repas chez Helin, avec Lapin et Choubichou… C’est un rêve de famille accueillante et bienveillante, où l’altérité, la diversité des expériences ne dégénère pas en contradictions permanentes qui blessent et qui inhibent. Je m’y sens en sécurité, détendu, capable d’être moi-même. J’ai juste un peu peur d’y entrer par effraction. Dans les livres de Tremblay il est possible de rejoindre de telles familles. Alors j’espère.

Tout le monde s’en tape, mais…

  • Ce soir je mange avec Lapin et Choubichou, Choubichou qui essaie sournoisement de se rebaptiser Roudoudou. Je m’y oppose catégoriquement ;

  • Le mauvais mélo dont je partage le rôle vedette avec un artiste-peintre est en plein débriefing par mail : j’adoOore ;

  • En ce moment ça s’agite beaucoup chez Juju autour d’un post sur l’auto-fellation. J’y fais notamment des commentaires d’un goût douteux très spirituels.

Une journée Péplum

Aujourd’hui, c’était une journée Amélie Nothomb. Comprendre : une journée qui se résume à la lecture d’un ouvrage de l’écrivain, une journée où il ne s’est pas passé grand chose, donc.

Péplum m’avait été conseillé par un de mes derniers plans du net (j’adore l’idée d’évoquer les plans du net au passé…) Un garçon tout à fait obsédé sexuel, qui était parvenu, au moyen d’arguments imparables, à me faire débarquer chez lui à 0h30 un soir de semaine. On s’était d’abord sautés dessus comme il se doit, et une fois notre petite affaire expédiée, il était parti pour la douche. Pendant qu’il se savonnait, j’avais examiné les piles de livres qui traînaient dans son appartement. Entre autres choses plus raffinées, ce garçon était un inconditionnel de Nothomb, et m’avait recommandé Péplum. Agréable soirée, agréable Nothomb ? Pas sûr.

Amélie Nothomb, PéplumComme souvent chez elle, c’est court et ça se lit vite. Sans aller jusqu’à la hargne antinothombienne d’un Chapichapo, je dois bien avouer que celui-là était bien chiant. Il s’agit d’un long dialogue contradictoire, où deux personnages se prennent la tête à n’en plus finir sur des sujets qui laissent le lecteur indifférent. Un petit prodige de sophistique inutile, parfois drôle (trop rarement), vite agaçant. Cela m’a rappelé l’ennui d’Hygiène de l’Assassin, en mieux écrit mais en plus inintéressant. Je préfère nettement la Nothomb plus auto-fictionnelle, celle de Stupeurs et Tremblements, ou de Métaphysique des Tubes. Ou alors le récit un rien fantastique des Catilinaires.

À ce soir

À ce soirL’idée de rire autour d’un cadavre, avec tout ce que le sacrilège peut avoir de périlleux, a d’abord piqué ma curiosité. Ce film nous réserve d’ailleurs quelques savoureux moments d’humour noir. Certes, il flotte une étrange ambiance où la tension est omniprésente, dans cette campagne à la fois familière et lugubre, dans le ballet surréaliste de la famille du mort. Mais on ne tarde pas à verser dans l’hermétisme absurde, l’hystérie omniprésente devient pénible (les cris des enfants sont vite crispants) et Sophie Marceau, dans son rôle de veuve qui perd les pédales, est tellement empruntée que cela coupe toute possibilité d’empathie. On reste étranger à ces personnages à peine effleurés qui semblent errer, hagards, chacun dans leur petit monde. Très vite, on s’ennuie ferme. Quand Sophie Marceau se décide enfin à faire sa Virginia Woolf dans la rivière, on se surprend à souhaiter qu’elle reste au fond de l’eau. Las, n’est pas Virginia Woolf qui veut, elle est repêchée in extremis, et nous servira ses singeries pendant une bonne demie heure encore. Heureusement que la musique du film était bien. Enfin, la musique… le musicien.

Des études vésuliennes le prouvent

« Tu te sens plus ralenti qu’avant ? Tristesse ? Idées noires ? Et physiquement, tu sens ton corps ralenti ? Moins de forces, plus facilement fatigué, intestins paresseux ? Et y a-t-il des choses que tu faisais avant dont tu sais qu’elles te plaisaient et que tu ne fais plus, parce que l’effort que ça te demande paraît plus important que le bénéfice que tu pourrais en tirer ? Et les idées noires, c’est quoi ? Des moments d’angoisse ? Tu te sens triste le matin ou le soir ? Ou c’est égal ? Mais le matin au réveil, tu es comment ? Bon, chouchou… »

Pour 95% des psys anglosaxons, je suis en dépression. Pour 55% des psys français, je suis également en dépression. Et pour les autres, je suis en début de dépression. Des études vésuliennes le prouvent.

C’est con, mais ça m’a rassuré. Enfin je ne sais pas si j’y crois, en fait. Pas vraiment. Mais en tout cas ce n’est pas une perspective déprimante.

Guest star : edisdead

°g°erboise roudoudou

Une nouvelle bannière pour le blog, avec une °g°erboise bondissante. Edouard qui me remonte en m’incitant à prendre soin de moi. Un départ à l’heure pour le travail. La lecture de Nick Hornby toujours aussi plaisante. Monsieur Népomucène qui a découvert mon blog. Farkas essentiellement en phase avec moi. Un peu de maths dans le calme de la bibliothèque. Pierre qui a lu le blog, et qui me laisse un message guilleret. Un repas avec Laurent et deux matheux inconnus, délicieux. Un directeur de thèse tout pétulant qui écrit « entièrement favorable » sur ma demande de réinscription en thèse. Une secrétaire pédagogique qui semble heureuse de me retrouver cette année. Un choubichou qui voudrait me tondre sans me toucher, mais qui, avec un peu d’aide, prend de l’assurance. Une omelette au fromage et de la purée maison. Un film prometteur sur Arte.

Y a pas à dire, je préfère la °g°erboise roudoudou à la °g°erboise aigrillarde.

L’ordinaire des soirées, ou « Comment je vais encore me faire détester »

Je rentre de la soirée d’anniversaire d’Alicia. Les choses commencent plutôt bien : ma tenue ne laisse pas indifférent, le fondant au chocolat est délicieux, ainsi que les diverses sucreries régressives qui traînent sur le buffet.

Pourtant un sombre ennui ne tarde pas à me tomber dessus. Non que les gens soient tous hostiles et inintéressants. Certains viennent tenter de faire un brin de conversation, mais la plupart du temps, c’est infructueux. Rien ne sort. Je ne sais que répondre à PatCo quand il souligne ma mauvaise mine. Je ne sais que répondre aux regards avenants des inconnus. Je ne sais que répondre à Alicia quand elle me remercie d’être venu à sa soirée. Rien ne sort.

TTC consacre mon exclusion de cette petite société. Je n’ai jamais rien compris à ce rap geignard, maniéré et chiant. Les Black Strobe m’attirent quelques instants en bordure de la piste de danse. Charly les déteste, et je comprends pourquoi ; pour ma part le pilonnage lancinant de The Abwehr Disco m’a déjà conduit à l’extase douloureuse, où tout le pathos de mon existence poussive se dévoile lentement à moi dans des nuées vertigineuses. L’effroi n’est pas loin, je l’espère salutaire, mais les voix de cette conne de Brigitte Fontaine, surajoutées sur ce mix, me cassent mon trip. Il ne me reste que le côté fascisant de cette musique.

Les soirées sont fascisantes. On n’a pas le droit de s’y sentir mal. Plutôt que de vous laisser en paix, ou de vous prendre par la douceur, les gens vous rappellent constamment à l’ordre, s’il le faut au moyen de répliques désobligeantes, monnaie courante dans ce genre d’ambiance soi-disant sympathiques et détendues. Je me demande ce que je fais là, je me vois mieux dans un bar à cul crasseux. La communication y est plus facile. J’y suis plus à l’aise. Parfois j’y existe même.

Un peu plus tard passe Lovely Toy de David Carretta. Le rythme me rappelle l’urgence de danser. Mais mon corps s’y refuse. Je le tiens à distance dans la crispation. Je panique un peu quand un garçon, notoirement hétérosexuel, me caresse doucement le ventre alors que nous sommes allongés sur le lit. Plus tard, avec Arnaud, nous nous tripottons en jouant, comme d’habitude. Je ne sais que faire lorsqu’il me couvre de petits baisers, saupoudrés sur le crâne. Alors je couine et je le mordille. Je fais la °g°erboise. Répondre ? Où cela nous mènerait donc ? J’ai envie de tendresse mais je refuse de la prendre là où elle se dessine. Les gens ne comprendraient pas.

Je me rhabille, je me blottis dans la capuche de mon gros sweat et je rentre me coucher. Triste et soulagé.

Récréation affective et musicale

Moi, j’aimerais faire un palmarès des disques qui ne vous font rien ressentir du tout […]. Ils font partie de moi, pas de moi et Laura, ni de moi et Charlie, ni de moi et d’Alison Ashworth ; et s’ils me font quelque chose, au moins ils ne me feront pas du mal.

Nick Hornby, Haute Fidélité.

Yann A 1 Archive, Again
Jorge B 2 Astor Piazolla, Milonga for Three
Khaled C 3 Bran Van 3000, Drinking in L.A.
Clément D 4 Ella Fitzgerald, Mack the Knife
Julien E 5 Kylie Minogue, Love at First Sight
Stéphane F 6 M83, Violet Tree
Nicolas F. G 7 The Postal Service, Such Great Heights
Nicolas C. H 8 Radiohead, There There
Grégoire I 9 The Red Hot Chili Peppers, Road Trippin'
Mathieu J 10 Robots in Disguise, DIY
Charly K 11 Zombie Nation, The Cut

Un cadeau à celui ou celle qui trouvera les bonnes associations en premier !

Ça commence bien…

(On voit ça partout : de jeunes couples de petits-bourgeois que la vie commence à décevoir et qui font les marioles dans les restaurants, les clubs, les bars. « Regardez-moi ! Je ne suis pas aussi ennuyeux que j’en ai l’air ! Je sais m’amuser ! » Tragique. Je suis bien content d’avoir appris à rester chez moi, à me morfondre.) Nous avons fait un mariage de raison aussi cynique et commode pour nous deux que n’importe quel autre, et j’ai vraiment pensé que je pourrais passer ma vie avec elle.

Nick Hornby, Haute fidélité. (et merci à Edinou chéri)

Rentrée pédagogique

Aujourd’hui, c’était les réunions d’organisation des deux modules d’enseignement où j’aurai la charge d’un groupe de TD au premier semestre. Comme les années passées, ce seront des biologistes, plus ou moins rétifs aux mathématiques. Avant la rentrée, tous les enseignants se retrouvent pour se répartir les groupes et régler certains détails pratiques. Cette année, les choses sont un peu compliquées par le fait que la fac d’°O°rsay passe (enfin) au système LMD, ce qui a conduit à une refonte complète de tous les enseignements.

Le matin, la réunion pour les étudiants de première année, sombre rapidement dans l’ennui et la démotivation. Le programme, encore flou, semble déjà trop condensé, et manquera sans doute de cohérence et de clarté. Par ailleurs, l’équipe enseignante ne semble pas à la hauteur. Les chargés de TD sont vieux et plus intéressés par le quota horaire dont ils s’acquittent, au prix du moindre effort, que par le contenu des enseignements ou la mise en place d’un mode d’évaluation équitable et efficace. Les choses s’éternisent, mais la délivrance finit par arriver et mon collègue Antoine et moi allons manger tous les deux. Il est d’origine montréalaise et m’est tout à fait sympathique. Nous parlons de groupes importés du Québec ; s’il ne connaît pas Arcade Fire (outrage !), il me parle de Glee, le premier album de Bran Van 3000, et il est ravi d’apprendre que ses chouchous ont sorti un deuxième album, Discosis, que je propose même de lui prêter…

L’après-midi, la réunion pour les deuxième année est moins triste. Même si nous retrouvons deux vieux croûtons de la matinée, ils sont dilués parmi des moniteurs que je connais et que j’aime bien, et des maîtres de conférence assez jeunes. L’un d’eux est un beau brun ténébreux à la fois austère (tout de noir vêtu) et souriant (un t-shirt Puma et une petite veste bien ajustée), ce qui le rend tout à fait magnétique. Je l’avais déjà longuement observé en bavant à la bibliothèque. Maintenant nous sommes collègues. Il n’a pas d’alliance… Par contre, assez mauvaise surprise, ces TD se feront par bloc de trois heures.

Objectif atteint : j’ai réussi à caser tous mes enseignements sur un seul jour de la semaine. Mais cela sera plus lourd que prévu : 2h le matin, et 3h l’après-midi. Après ça, tenir le coup en concert le vendredi soir ne relève pas de l’évidence…

Désintox

Auparavant

Compte Citegay : clôturé par la direction pour cause de publicité pour Rezo-G
Compte M4M-World : clôturé

Aujourd'hui

Compte Keumdial : clôturé
Compte Tribugay : clôturé
Compte Friendster : clôturé
Compte hi5 : clôturé
Compte Caramail : pas clôturé, mais c’est pareil

Situation actuelle

Comptes MSN : segmentés
Compte Rezo-G : profil vidé, mais… je chope encore. Ben oui. Désolé.

Tribute to Blogniros

Je suis dans une cabane exiguë au milieu d’un bois, enfermé avec une jeune femme. Nous sommes en cavale, elle est poursuivie, et je dois la protéger du danger qui la guette. Nous sommes au crépuscule, nous allons nous coucher côte à côte. Pour nous défendre, nous disposons d’un fusil, à moins que ce ne soit une carabine. Je passe mon temps à le charger et à le décharger, craignant qu’un coup ne parte malencontreusement d’une part, et d’être pris au dépourvu en cas d’assaut d’autre part. En fait, je ne sais que faire de cette pétoire qui m’embarrasse. Je refuse de la confier à ma compagne d’infortune, qui me le demande pourtant ; c’est moi le mec, c’est à moi que revient la mission virile de protection face à l’extérieur hostile. Elle serait de toute façon incompétente en la matière, trop puérile et inconséquente pour cela. Avant de nous endormir, nous devons faire l’amour. Je suis allongé, elle me regarde, assise sur le lit, d’un air sceptique et dédaigneux, pour me signifier « Tu n’y arriveras pas ». Je me sens mal. Nous nous endormons aussitôt. Alors que la délivrance de l’aube approche, nous sommes rattrapés par la fatalité : la menace, sous les traits de mon ami de prépa, fait irruption dans la cabane. Armé d’un fusil semblable au mien, il le pointe sur nous d’un air furieux et décidé. Pour moi tout s’effondre brutalement, je me sens impuissant, il va tirer et c’en sera fait de nous. Je gémis un « oh non ! » faible et résigné. Est-ce la pitié ou le sens de l’honneur de notre assaillant, le coup ne part pas. La femme disparaît de mon esprit, et un sentiment d’une douceur troublante m’enveloppe alors que je pense au chevalier vengeur.

Je me souviens rarement de mes rêves, aussi ce type de récit est-il rare et précieux, d’autant que celui-ci semble très chargé en symboles. La sexualité omniprésente, les fusils comme autant de symboles phalliques, le rôle masculin qui me pèse, l’hétérosexualité qui m’insécurise, l’homosexualité comme refuge, peut-être la mère castratrice qui veut me priver de mon fusil…

Pour les amateurs de récits oniriques, un de mes amis s’en est fait une spécialité, à un rythme quasi-quotidien qui m’impressionne : rendez-vous sur http://blogniros.canalblog.com.

Dans la vapeur

Hier soir, je retrouve un mec du net au sauna. Un des derniers, faut-il espérer. Il est comme sur la photo, un visage avenant, sympathique et souriant. Ca se passe bien même si je me sens un peu ailleurs. Rien de grave, des plaisirs simples, sans grandes effusions. Un pilier du Riad engage la conversation, la cinquantaine, un peu vulgaire, mais pas désagréable, le contact semble sexuellement désintéressé, je ne suis pas trop sur mes gardes. Il me parle des autres saunas parisiens, notamment des Bains d’Odessa près de Montparnasse, qui font selon lui très bordel XIXème. J’écoute distraitement en surveillant le contenu de la piscine. « Tu as l’air d’une âme en peine » me dira-t-il un peu plus tard, sans doute à cause de cet air pensif que je prends souvent. Les yeux bleus sont des yeux tristes. Je suis calme et détendu, après un passage au sauna qui m’a épuisé. Sous la voûte du hammam déserté, je fredonne inlassablement la fin entêtante d’une chanson de Laura Veirs…

Gonna dig a coal mine
Climb down deep inside
Where my shadow’s got one place to go
One place to hide

Rongeur acariâtre

Je ne voulais pas poster ce soir. Journée de merde, impression d’être un râté, d’être complètement stérile, éternellement malheureux, bref : le déballage de drama queen habituel, pour ceux qui ont eu le « plaisir » d’expérimenter en live ou sur MSN. Je passe donc une soirée de larve sur mon ordi, à fureter sur le net, à vérifier sur les blogs qu’il n’y a rien de nouveau. En passant sur celui de NeimaD, je relis le début de son histoire avec le garçon qu’il fréquente ces temps-ci. C’est compliqué, c’est triste, un peu trash dans la rédaction, mais tellement guimauve : des choses que je peux m’approprier, quoi. Évidemment ça jette du sel sur mes frustrations, et je me dis « non, pas ce soir, c’est insoutenable. » Et là, sur Rezo-G, c’est ma plus grande romance râtée qui débarque : « Coucou Gerboisinette ». Non mais j’vous jure, y a des jours où on ferait mieux de pioncer toute la journée…

Des nouvelles du pantalon

Aujourd’hui, journée glandouille (pour changer). Je retrouve mon amie Anne-Laure au Luxembourg. Je ne l’ai pas vue depuis longtemps. Et j’arrive avec une surprise de taille : j’ai mis mon nouveau pantalon Carhartt ! Au moment opportun de la conversation, je place subrepticement une allusion à sa longueur. Pas de réaction. Argh ! On parle de tout et de rien, et à chaque fois qu’un jeune mec passe, je mate son pantalon. Je crie victoire une première fois : « celui-là en a un au moins aussi long que le mien ! — Non, il le porte juste très taille basse… — Et merde. » Nous évoquons une ancienne amie avec qui je me suis fâché récemment. Je lui parle de l’aigreur que cela m’a laissé, avec une véhémence un peu étonnante, c’est un peu comme si je l’engueulais elle, alors qu’elle n’y est pour rien. Nous faisons allusion à sa vie sentimentale, sujet parfois délicat. Un autre garçon passe, avec un pantalon… Carhartt ! Cette fois, je la tiens, ma victoire, son fute fait des accordéons sur ses chaussures ! Pourtant j’émets l’objection que le mien est plus large et que… « Bon, °g°erboise, me dit-elle en feignant l’agacement, fais donc voir s’il est si long que ça ! Debout ! ». J’obtempère. Évidemment j’ai la braguette ouverte. Mais elle me dit que la longueur ne choque pas, que c’est juste un peu baggy, c’est tout. Trop cool, mon affaire semble mieux engagée que je ne le pensais…