Nouveau départ
mardi 20 septembre 2005, 19h04
27 septembre 2003 – 20 septembre 2005. Mon compte Rezo-G s’est éteint après une longue agonie. Le présent billet tient lieu de faire-part. Ni fleurs ni couronnes. La cérémonie d’adieu aura lieu dans l’intimité de la famille et des proches.
Je n’avais plus rien de constructif à y faire. Il est temps de grandir. Le chat, dans le but de faire des rencontres, a été un moyen de surmonter ma timidité, ma peur des cercles sociaux où je me trouve inexistant. Cela m’a permis de rencontrer nombre de personnes intéressantes, de faire des expériences affectives et sexuelles variées, du moins dans un premier temps. Tout cela dans le confort apparent : quoi de plus simple que de se brancher sur un, puis deux, trois ou quatre sites de chats, dans l’attente plus ou moins patiente d’une rencontre captivante ?
C’est très simple ; trop simple. Chez quelqu’un comme moi, cela finit par devenir un réflexe incontrôlable, et par prendre beaucoup trop de place. Non seulement c’est une activité gourmande en temps, parce qu’une fois connecté on ne voit plus l’heure tourner. Mais on se retrouve ainsi immergé dans un océan de possibles, courant souvent plusieurs lièvres virtuels à la fois, s’y perdant parfois un peu, dans l’angoisse de laisser filer le plus prometteur, qu’on suit d’un peu plus près.
Mais à la rencontre, dans la grande majorité des cas il ne se passe plus rien : proverbial décalage entre le personnage virtuel et la personne réelle. Je ne crois pas que les gens soient si mythomanes que certains le clament volontiers ; ce personnage virtuel, on se le construit pour moitié à partir de ce qu’est l’autre devant son clavier, et pour moitié avec nos propres fantasmes que l’on plaque dessus. À la rencontre, on se sent presque obligé de coucher, mais la plupart du temps l’histoire s’arrête là. Et tout devient très répétitif.
J’ai l’impression que ce monde virtuel a pris tant de place que je me suis mis en retrait dans mes relations sociales. Je ne dis pas que je me suis coupé de tous mes amis, mais j’ai la sensation de m’être beaucoup protégé de l’intimité de ces relations. Surtout, ne pas trop donner : cela ne sert à rien puisque la vraie vie est sur le net. Fuir la réalité, avec ce qu’elle a de laborieux, et préférer le réconfort d’hypothétiques ailleurs plus exaltants. C’est un peu comme si on devenait touriste dans sa propre vie.
Je ne dis pas qu'aujourd'hui, je romps nettement avec ces logiques fallacieuses ; je ne suis d’ailleurs pas très sûr du diagnostic que je viens de faire. Toute cette année, j’aurai progressivement réduit ma consommation virtuelle. Le blog est le traitement de substitution que j’ai choisi à la drogue du chat. Il a sans doute ses travers lui aussi, mais au moins, il requiert quelques efforts : le risque est moindre de s’y abîmer béatement.