°g°erboiseries*

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Retour sur les lieux du crime

Automne, début d’après-midi ensoleillé, pas trop froid. Mec à chien. Regard échangé, furtif, esquisse de sourire. Pédé à chien. Quarantaine, brun, plutôt mince, looké G-Star, Adidas noires. Me suit. L’observe. Le suit dans une pelouse en pente. Bosquets, ombre humide, deux trois mecs hagards. Sourire. S’approche. « Salut » timide, inaudible.

« Salut !
— Salut…
— Je me demande bien ce qui se passe là-bas dans les buissons.
— Ah, ça…
— Des choses illicites sans doute.
— Ça… et toi tu cherches quoi ? Des choses illicites ?
— Oh non, moi je suis sage maintenant.
— Ah bon ?
— Oui, je me suis fait choper une fois, ça suffit.
— Ah ben c’est sûr que si tu vas là-bas, où tout le monde va…
— Oh, même ici je pense que c’est risqué. J’ai plus trop droit à l’erreur tu sais.
— Je vois… (silence) Et tu es actif ou passif ?
— Ça dépend des mecs, pourquoi ?
— Ben je trouve que c’est une question importante, non ?
— (air dubitatif) Je ne pense pas que ça soit si important.
— Ben si, tu vois, moi je suis que passif !
— (silence) Au moins le chien a l’air de s’amuser.
— Quoi ?
— (silence) Bon, je crois que je vais rentrer.
— Ah ! Bonne fin de journée alors.
— Merci, toi aussi. »

Efféminé. Banal. Ennui.

Au sommet d’une butte, je m’assieds sur les marches pour admirer la lumière sur les immeubles qui dévalent la colline, derrière les grilles. D’un air un peu las, je tiens mes deux mains jointes sous mon menton, les doigts entrelacés. On pourrait croire que je prie.

Propriétés

Sombre. Sentimentalement perturbé. Pas sérieux sexuellement.

Pour le premier, ça n’a pas toujours été le cas, pas quand je l’ai rencontré en tout cas.

Pour le deuxième, c’est asséné comme une vérité définitive, et il n’a peut-être pas tort.

Pour le troisième, au fond ça ne veut pas dire grand chose, de nos jours ça ne veut plus dire grand chose.