°g°erboiseries*

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Les yeux ouverts

Et il y a ces plans que l’on fait les yeux ouverts. Ces garçons percutés à peine notre champ de vision pénétré, ces garçons par les yeux rencontrés. Las de nos errances, nos regards se sourient à l’entrée de l’alcôve. Sitôt enfermés nos corps se découvrent, nos lèvres se cherchent et déjà se trouvent. La passion libérée, toute prudence omise, l’excitation prend des forteresses au doute ennemi. Nous sommes là, l’un pour l’autre, résolus à ne faire qu’un. Familier, il invoque des amants dont le souvenir m’est tendre. Sa beauté n’est pas violence, son triomphe reste modeste et digne. En lui point de hauteur ni de calcul, son désir rayonne la sincérité. Cependant il ne craint pas, son empire est de sérénité, il me veut et il m’aura, il m’aura parce que je brûle de m’abandonner et qu’enfin je le peux. Nos yeux ne se quittent guère que pour laisser nos langues se mêler. Je lis au fond de lui la folie de notre étreinte, sauvage, urgente, heureuse de cette fusion tant mystérieuse qu’inespérée. Déjà mes yeux se voilent et se fascinent alors que les secondes s’effacent sous le tangage de nos hanches, que l’éternité s’annonce dans son regard planté dans le mien. D’un geste il m’interrompt, pas tout de suite, pas trop vite, profitons. Je quitte ma gravité pour lui sourire quelque peu, admirer encore ce visage de petit brun dont je rêve si souvent, mes mains parcourent son torse humide et doux, l’enveloppent de ma reconnaissance émue. Peut-être est-ce là qu’il faut dire « Je t’aime ». Moi je n’ose que me taire, me recueillir en silence devant la beauté de l’extase. Dans mon culte muet je lui grave des stèles que je viendrai fleurir en pensée, encore longtemps après.

Un mois

Presque un mois sans poster. Peu de choses à dire, peu de choses à raconter, parcimonie, économie, discrétion presque. Un mois passé dans le XHTML, le CSS et les bases MySQL pour migrer, enfin. Bien sûr en cela rien d’essentiel, que du divertissement. Un mois sans effort à la thèse, un mois à apprivoiser mes nouveaux étudiants, pour réaliser qu’eux non plus ne seront pas courageux. Un mois à lire en dilettante les blogs des uns et des autres, à laisser une petite crotte de souris de ci de là, au hasard de ma paresse. Un mois avec un garçon, plus ou moins avec lui, à côté peut-être, un mois à l’accompagner, à l’emporter avec moi dans le RER ou dans mes promenades au soleil, à l’ouvrir et à le refermer comme le livre de Foucault que j’abandonnerai sans doute, ou peut-être comme La Curée, le nouveau Zola où j'avance sans hâte, en confiance, petit voyage dépaysant juste ce qu'il faut, sans les nausées des transports trop inconfortables. Un mois de retour de spleen, d’un grain nouveau, accueilli comme on retrouve une vieille relation, un peu râpée par les années, familière, un brin mélancolique. Un mois de familles, tantôt proches, tantôt lointaines, étranges, étrangères, puis chaleureuses, caressantes. Un mois sans amants, sans compter, un mois d’indifférence à lâcher les corps sitôt empoignés, à les lâcher pour n’en retenir qu’un seul, à s’en satisfaire, à s’en féliciter, à s’en réjouir comme on goûte la lumière d’hiver sur les HLM d’en face, toujours la même, celle qui me rend la fumée si belle, à découper ainsi sur la façade les volutes de mon errance pensive.