°g°erboiseries*

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Je pensais qu’un bracelet, ce ne serait pas une bonne idée. Je n’y connais rien en bijoux. Je n’en porte pas, on ne m’en a jamais offert. Pourtant, un garçon avec une chaîne autour du cou… Mon frangin avait proposé ça sans grande conviction, alors je flippais. Une journée pour trouver dans les rues glaciales de Montbéliard, ça s’annonçait aussi désespéré qu’interminable.

Pourtant je me suis laissé persuader, toujours un peu anxieux. Première boutique, le choix est plus large que je ne l’aurais imaginé. Les prix plus élevés, aussi, mais notre budget devrait suffire. Les bracelets à deux couleurs nous séduisent plus. Plutôt discret si possible, pas trop pétasse post-adolescente non plus… J’en aperçois un dans la vitrine. Deux chaînes jumelles, un filet d’or et un filet d’or blanc. Mon frère est enthousiaste. On finit par le prendre. On décide d’ajouter une plante, une composition de chez son fleuriste habituel. Pour finir, ça ressemble à quelque chose, je suis content.

Le lendemain, au retour de la messe, elle trouve le bouquet sur la table de la cuisine. Première surprise, elle est ravie. Déjà que ma carte d’anniversaire trônait sur la commode du couloir, elle est même assortie au nouveau papier peint. Au restaurant, avant le dessert d’un repas d’ores et déjà délicieux, je fait mine de trouver un écrin dans ma sacoche. En le lui tendant : « Tu ne saurais pas ce que c’est, toi ? — Oh, mais vous êtes fous, qu’est-ce que vous avez encore acheté… » Il semble lui plaire. Il va rejoindre le bracelet de la quarantaine, offert par mon père et mes grands-parents. Désormais elle a ses deux fils autour du poignet.

Les Aventures de °g°erboise-----* : En bibli

Aujourd’hui j’ai passé la journée à la bibliothèque du labo. Bonne journée de travail, bibliographique pour l’essentiel. Quatre ans après, je me dis que ça pourrait être cool de parcourir les publications de mon chef. Mieux vaut tard que jamais ; surtout que maintenant je comprends parfois quelque chose à ce qu’il écrit.

J’avais plongé avec délices dans les flots °s°tochastiques de °d°ifféomorphismes – des noms qui s’OUvrent – quand a débarqué un spécimen fort sympathique dans la salle de lecture : un blaireau.

Blaireau, parce que grand, gras et velu, velu de la peau de mouton s’échappant de sa veste Quiksilver. Sur un quadragénaire, de quoi susciter ma circonspection, si ce n’est ma méfiance. Blaireau, parce qu’empestant à trois tables de distance le Brut de Fabergé version Leader Price. Blaireau, parce que tout de noir vêtu, d’un 501 boudinant à souhait, et d’un sweat-shirt élimé et informe. Blaireau, parce que blanc comme la nacre du portable Apple qu’il installe bruyamment sur un des bureaux, après avoir jeté discrètement ses affaires sur le bureau. Oh, celui-là je vais l’aimer. Avec tout le dédain dont je suis capable – ça fait beaucoup – je replonge dans l’onde probabiliste.

Tschooooooooong, crache le haut-parleur de sa bécane à plein volume. Voilà que ça gueule comme un vieil iMac, non mais quelle horreur. D’ailleurs le clavier est tout défraîchi, la nacre est rayée, pimpante comme des ongles crasseux. Clic clic clic clic, évidemment ça ne pouvait pas en rester là, le clavier cliquète dans le silence soudain assourdissant de la salle. Je lui jette un regard torve. Il ne remarque rien. POUT POUT Pout Pout pout pout. Oh, mais qu’est-ce qu’il fabrique encore ? Ah, il a baissé le son. Patience, calme, sérénité. Clic clic clic clic, wan wan wan wan wan wan wan wan dzzzzzzzing. Ben si son disque dur fait un potin pareil, je donne pas très cher de sa peau… Ne pas regarder, ne pas regarder, ne pas regarder… je l’observe furtivement. Oh la la, c’est pas possible, il a ramené son scanner. Il est en train de scanner les pages d’un bouquin. Blaireau vit dans un monde où il n’y a plus de photocopieuses, fini, a p’us, puisque je vous dis qu’Apple c’est plus fort que toi. Moi qui croyais qu’ici c’était pour les matheux, qu’on leur interdisait l’accès, à ces informaticiens du dimanche… On est plus chez nous. Bon ben avec tout ça on est pas sorti de l’auberge, s’il nous fait tout le bouquin comme ça. Wan wan wan wan wan wan… Aaaargh ! Et soudain je m’attendris, je me mets à sourire et je me dis « Quelle tache quand même, allez, °g°erby, au boulot ».

À défaut de prendre conscience du grotesque de la situation, il a fini par réaliser que ça n’était pas très optimal comme méthode. La gentille responsable de la bibli lui a montré l’aquarium où il y a les photocopieuses. Il a remballé tout son matos, nous faisant ses adieux avec toute la retenue de son arrivée tonitruante.

Désertion

Ici j’allais poster un message sur Room Service, ou plutôt sur la vision que j’en ai, sur ce que je projette sur ce garçon qui s’ingénie à brouiller les pistes. C’était un joyeux petit délire, pas très rigoureux, totalement irresponsable.

L’exercice était trop proche de la méthode de la psychothérapie, je ne publie pas. Trop badin, mais trop profond. Je ne veux pas livrer ça, j’espère qu’on me pardonnera.

Chapeau bas Room Service, ce qui se confirme, c’est que vous êtes un Objet Virtuel Intéressant. Même si parfois je maugrée « il abuse, c’est du mauvais Bret Easton Ellis ! », le style, la dose exacte de mystère, et des névroses qui parlent à votre °g°erboise-----*… c’est suffisamment rare pour être noté !

Miroir

Maintenant que j’ai réussi à faire cohabiter les deux ordis sur la même connexion internet sans qu’ils se chamaillent en piétinant ma patience et en alimentant mes obsessions, je peux me brancher sur deux comptes MSN à la fois. °g°erboise-----* classique, et °g°erboise-----* lubrique, par exemple. Après je peux me parler à moi-même. M’aborder en me lançant « Salut bogoss ». Le hic c’est que sur le vieux portable la touche [e] est niquée. Alors je réponds en tapant des [é] à la place des [e]. « Alléz cassé-toi, j’én ai ma claqué dés mythos géignards dans ton génre ! » J’avais oublié que je m’étais lassé des rencontres par le net.

Last night the DJ saved my life

PopTeaTime hier soir. Pas trop mon truc, les soirées en ce moment. Pas arrêté de râler, et quand j’arrêtais de râler c’était pour faire mon malin genre « T’as vu tout ce que je connais comme musique » oder pour me plaindre que ceux qui étaient censés venir, « eh ben ils sont où, hein ? » Des baffes, mais des baffes. À qui, reste à voir.

Je suis arrivé dans les premiers, comme d’hab. Numéro 12 ou 13 au vestiaire. Ça faisait un peu : « Alors tu vois, les Popingays sont arrivés, et juste après, °g°erboise, qui du coup s’est payé le luxe d’apprécier grave la musique en fixant le parquet assise toute seule dans son coin ».

Après les gens arrivent, tag et oniromane à peu près synchro. On papote, une ou deux bières pour faire style, on rechigne à danser, et on gnagnate, et on tergiverse, trop bon esprit quoi. Pourtant j’aime bien les gens de ces soirées. Definitely.

Les sets passent, je boude un peu, je vais même pas danser sur Clap Your Hands Say Yeah, je fais un petit effort sur Go! Team, sur Le Tigre j’y arrive à peine, rololo c’est pathétique. Le temps passe, je peux pas m’empêcher de mater alors que je ferais bien d’arrêter toutes ces conneries – I mean, on voit où ça mène – il y a une sorte d’ours-brun-fringué-sweat-baskets-trop-à-l’aise-dans-ces-soirées à qui je ferais bien des câlins et des léchouilles, mais quand je le regarde il a toujours l’air de scruter l’horizon des fois qu’on serait attaqués par des éléphants volants.

En fin de soirée, est-ce la lassitude d’être lassé de tout, ou peut-être la sagacité du DJ, mais voilà que tous mes favoris défilent les uns derrière les autres ; du Vitalic, du Bloc Party, de l’Arcade Fire, plus deux trois autres bonbons, Gorillaz, Bran Van 3000 amputé de sa fin cubanisante délirante… Je vais poser une question débile au DJ (c’était The Bravery) et j’en profite pour lui dire que je m’amuse bien sur ce qu’il passe. À force de sauter comme un fou je suis en nage… Après il passe une nouveauté, un truc electroconnasse qui descend tout seul, Fatale que ça s’appelle. Si j’étais –alias- ce garçon ce serait l’homme de ma vie. Faites passer ? Rhoooo, °g°erboise, c’est bientôt fini, oui ?

Clap Your Hands Say Aaaargh

Tout au long de la journée, je me suis passé leur album, pour réviser. La basse introduisant Details of the War, la folie pleine d’entrain de The Skin of My Yellow Country Teeth, la fin titubante de Is This Love?, les cris de Heavy Metal, les nappes enveloppantes sur In This Home on Ice. Quel album tout de même. Je me demande si les gens dans le RER remarquent quand mes larmes coulent, s’ils m’imaginent un chagrin quelconque, une dépression. En tout cas c’est un de mes plus grands plaisirs. Le concert du soir s’annonce excitant.

À midi, je dors dans mon assiette, je touche à peine à mon plat. La géométrie °r°iemannienne ne me réveille guère. Je rentre pour faire une sieste. Je m’endors comme une masse. J’ai mal à la gorge, la tête prise dans un étau. 38°5. Aaaargh.

Je refile ma place à une amie d’Edou. Apparemment le concert était bien quoiqu’un peu décevant. En fait j’aurais été curieux de constater à quel degré le chanteur chantait faux. Pour Bloc Party ça avait été rédhibitoire.

Évidemment, ce matin la fièvre est tombée.

L’arcane sans nom

L'arcane sans nom : la MortAu tarot de Marseille, j’aurais tiré la treizième carte. Étrangement, ma vie actuelle égrène les deuils, symboliques ou littéraux, futiles ou plus profonds. Nicole bien sûr, et bientôt la grand-mère de ma cousine. Suivent les souvenirs. Estelle, chez mes parents ; Annie, quand je m’imagine futur enseignant ; Mathias, sur le campus, le long de la rivière. Les soucis pour mon père et sa santé désormais chancelante, ainsi que pour le père d’une amie. Il y a aussi mes lectures et ce que je vois à la télé. Encore ce soir, Les Corps impatients, et les échos de Son frère et du Temps qui reste. Il y a quelques semaines, ces êtres mourant sous nos yeux chaque soir sur Arte, une émission sur les soins palliatifs en Allemagne, cette institutrice à la retraite aux yeux si brillants, bouleversante de vie à la veille de sa mort. Le deuil de l’amour, du désir éconduit, la première ou la dernière fois, dans l’enfance, au lycée, il y a deux semaines. Le deuil de la sexualité, à l’heure où je dois m’assagir pour des raisons bien prosaïques, le deuil de ses sirènes trompeuses aussi. L’ombre mystérieuse de Dustan au détour d’un blog. Les photos de Guibert, Guibert qui mène à Pierre, et Pierre à son père. Entertainment de Thomas. Edmund White et ses amants défunts dans la Symphonie des adieux, enfin juste et touchant après deux tomes assommants. Cela va jusqu’à mon ordinateur qui décide de m’abandonner, ultime malédiction, bien dérisoire il est vrai.

Incontournable, la mort s’obstine, pour lors elle a décidé de rôder autour de moi. Pourtant jamais je ne me complais en sa funeste compagnie. Point de fascination morbide ni de pulsion auto-destructrice. Comme dans le tarot, la faux épargne les jeunes pousses, leur offre l’espace où s’épanouir, elle prépare un renouveau. Je sens que je me libère. Sérénité. Espoir.