Les Aventures de °g°erboise-----* : En bibli
jeudi 23 février 2006, 21h32
Aujourd’hui j’ai passé la journée à la bibliothèque du labo. Bonne journée de travail, bibliographique pour l’essentiel. Quatre ans après, je me dis que ça pourrait être cool de parcourir les publications de mon chef. Mieux vaut tard que jamais ; surtout que maintenant je comprends parfois quelque chose à ce qu’il écrit.
J’avais plongé avec délices dans les flots °s°tochastiques de °d°ifféomorphismes – des noms qui s’OUvrent – quand a débarqué un spécimen fort sympathique dans la salle de lecture : un blaireau.
Blaireau, parce que grand, gras et velu, velu de la peau de mouton s’échappant de sa veste Quiksilver. Sur un quadragénaire, de quoi susciter ma circonspection, si ce n’est ma méfiance. Blaireau, parce qu’empestant à trois tables de distance le Brut de Fabergé version Leader Price. Blaireau, parce que tout de noir vêtu, d’un 501 boudinant à souhait, et d’un sweat-shirt élimé et informe. Blaireau, parce que blanc comme la nacre du portable Apple qu’il installe bruyamment sur un des bureaux, après avoir jeté discrètement ses affaires sur le bureau. Oh, celui-là je vais l’aimer. Avec tout le dédain dont je suis capable – ça fait beaucoup – je replonge dans l’onde probabiliste.
Tschooooooooong, crache le haut-parleur de sa bécane à plein volume. Voilà que ça gueule comme un vieil iMac, non mais quelle horreur. D’ailleurs le clavier est tout défraîchi, la nacre est rayée, pimpante comme des ongles crasseux. Clic clic clic clic, évidemment ça ne pouvait pas en rester là, le clavier cliquète dans le silence soudain assourdissant de la salle. Je lui jette un regard torve. Il ne remarque rien. POUT POUT Pout Pout pout pout. Oh, mais qu’est-ce qu’il fabrique encore ? Ah, il a baissé le son. Patience, calme, sérénité. Clic clic clic clic, wan wan wan wan wan wan wan wan dzzzzzzzing. Ben si son disque dur fait un potin pareil, je donne pas très cher de sa peau… Ne pas regarder, ne pas regarder, ne pas regarder… je l’observe furtivement. Oh la la, c’est pas possible, il a ramené son scanner. Il est en train de scanner les pages d’un bouquin. Blaireau vit dans un monde où il n’y a plus de photocopieuses, fini, a p’us, puisque je vous dis qu’Apple c’est plus fort que toi. Moi qui croyais qu’ici c’était pour les matheux, qu’on leur interdisait l’accès, à ces informaticiens du dimanche… On est plus chez nous. Bon ben avec tout ça on est pas sorti de l’auberge, s’il nous fait tout le bouquin comme ça. Wan wan wan wan wan wan… Aaaargh ! Et soudain je m’attendris, je me mets à sourire et je me dis « Quelle tache quand même, allez, °g°erby, au boulot ».
À défaut de prendre conscience du grotesque de la situation, il a fini par réaliser que ça n’était pas très optimal comme méthode. La gentille responsable de la bibli lui a montré l’aquarium où il y a les photocopieuses. Il a remballé tout son matos, nous faisant ses adieux avec toute la retenue de son arrivée tonitruante.