°g°erboiseries*

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Pas le temps

Pas le temps de lire Room Service, de m’épier dans le miroir qu’il me tend. Pas le temps de rappeler certains amis. Pas le temps de rapporter le néon qui vacille dans la cuisine. Pas le temps d’écouter toute la musique qui traîne sur l’ordi. Pas le temps de travailler à la migration du blog. Pas le temps d’acheter des fringues. Pas le temps de baiser à Vincennes. Pas le temps d’écrire la chronique du concert de Louis XIV. Pas le temps de travailler. Pas le temps d’écouter les jérémiades. Pas le temps de faire les courses sérieusement. Pas le temps de lire. Pas le temps de dormir. Pas le temps de rapiécer de vieilles relations auxquelles on n’est plus sûr de tenir. Pas le temps d’aller à la piscine.

Pour aller voir Truman Capote au cinéma, y retrouver un garçon le nez dans un sandwich au saumon, le sentir bouger là contre moi tout au long de la projection, pour ça, j’en ai du temps.

Malédiction chinoise

Je te souhaite d’avoir une vie intéressante.

Last night the DJ saved my life (once again)

Au crépuscule d’une journée épuisante faite de médecine et de théâtre, j’étais tenté de rompre la promesse que je m’étais faite d’aller à l’Androgyny pour préférer les charmes troubles d’un sauna du centre. J’ai tenu bon, bien m’en a pris.

Je sentais confusément mon envie de danser et ma bonne humeur. J’étais curieux de voir comment je réagirais lâché en pareil milieu, sans maman panda pour me secourir en cas d’ennui oppressant. Hormis –alias- et PatCo qui aura vite décampé, mes connaissances présentes n’étaient que superficielles. Un petit bonjour à Ni(zar|nox), le décompte des bières descendues par Freaky, quelques mots échangés avec Hugo et Géraldine rencontrés un peu plus tôt dans la semaine : voilà pour la vie sociale. Les plaisirs sur la piste, plus ou moins identifiables, ont ponctué toute la soirée, que ce soit plutôt kitsch 80’s (je découvre seulement Kids in America de Kim Wilde, si c’est pas consternant ça), electro (Modeselektor et leur Dancing Box, mon jardin d’acclimatation à TTC) ou rock (Last Nite des Strokes, le défouloir de Juliette and the Licks, Got Love to Kill en version originale puis en remix). Sinon les DJ invités de Radio Edit m’ont plu – à plusieurs titres, hé hé hé – intégrés qu’ils étaient à l’ambiance de la soirée.

Cette soirée fut aussi l’occasion de tourner autour d’un garçon rencontré auparavant, en déjouant la curiosité d’un -alias- avide de tout savoir de mes projets mutins. Ce n’est qu’en fin de soirée que nous oserons nous rapprocher, que je pourrai enfin lui coller mon coude dans la figure (hé oui, rien d’évident à danser près des gens quand on a l’habitude de garder une distance de sécurité) puis de transformer un remix electro quelconque en une sorte de zouk bancal, cuisse contre cuisse. Allons-nous nous embrasser, oui, non, non, peut-être, oui, non ? Ouiii ! Et c’est parti, on n’arrête pas de tourner sur Smalltown Boy, les yeux fermés, les langues mêlées, sa main sous la manche de mon t-shirt, la mienne plongeant derrière son col. Très vite je ne sais plus où je suis même si j’essaie désespérément de le savoir, pauvre petite poule soucieuse des regards alentours. « C’est beau l’amour ! » nous hèlent quelques jeunes filles éméchées, sourire jusqu’aux oreilles.

Et là tout d’un coup la vilaine souris des sables devient laconique.

Laura Veirs + Pure Horsehair

Un public auquel je suis peu habitué, les 30-40 qui improvisent un débat pour décider si l’on se fait le concert assis ou debout. J’ai l’impression que Laura Veirs n’est pas de mon âge. Je crois que l’essentiel de mes amis trouvent sa musique un peu chiante, mais je l’aime bien. J’aimerais bien qu’on soit copines, toutes les deux. Après tout je n’ai pas de copine à couettes.

Pour elle la scène fut vite installée : juste sa guitare contre une chaise. Dis, Laura, ils sont où les Tortured Souls ? Moi je les aimais bien… I haven’t got my band, but I have my pedal. It’s a good substitute. Certes, ça le fait. Un peu comme Owen Pallett, Laura enregistre en direct quelques mesures qui sont ensuite répétées ad libitum. Les couches s’empilent progressivement et elle devient chœur et symphonie de guitares à elle toute seule. Je crois que j’aime bien les chanteuses à pédale (ok, ok, je sors).

Je craignais de m’ennuyer devant tant de dépouillement mais elle s’en sort bien, d’autant que les petits gags qui ponctuent sa prestation ont changé depuis le concert précédent. Les chansons les plus pop ont été délaissées au profit des balades plus intimes, jolis moments de douceur un peu triste. Je me régale alors qu’elle parcourt largement l’album précédent, Carbon Glacier. Sa technique m’impressionne, bien que je n’y connaisse pas grand chose en guitare. Sur la fin elle est rejointe par un des deux membres de Pure Horsehair, qui assuraient la première partie. Entre deux gorgées de vin avalées au goulot, Shahzad Ismaily tambourine sur sa bonbonne d’eau vide ou l’accompagne à la guitare.

Pure Horsehair, c’est un chanteur barbu, un peu bûcheron, un gros nounours en chemise de flanelle qui distille la douceur de ses mélodies folk à la guitare. Son compagnon, grand échalas aux doigts interminables, au crâne dégarni et à l’air absent semble incarner le côté plus expérimental de la formation, avec ses bricolages aux percussions improbables. Jolie découverte que ce petit groupe sans prétention.

Pas de torrent d’émotions dans ce concert, juste un moment simple et délicat, comme un baume pour esprits tourmentés. Sous la bruine, le retour à pied à travers le vingtième est un délice.