Un public auquel je suis peu habitué, les 30-40 qui improvisent un débat pour décider si l’on se fait le concert assis ou debout. J’ai l’impression que Laura Veirs n’est pas de mon âge. Je crois que l’essentiel de mes amis trouvent sa musique un peu chiante, mais je l’aime bien. J’aimerais bien qu’on soit copines, toutes les deux. Après tout je n’ai pas de copine à couettes.

Pour elle la scène fut vite installée : juste sa guitare contre une chaise. Dis, Laura, ils sont où les Tortured Souls ? Moi je les aimais bien… I haven’t got my band, but I have my pedal. It’s a good substitute. Certes, ça le fait. Un peu comme Owen Pallett, Laura enregistre en direct quelques mesures qui sont ensuite répétées ad libitum. Les couches s’empilent progressivement et elle devient chœur et symphonie de guitares à elle toute seule. Je crois que j’aime bien les chanteuses à pédale (ok, ok, je sors).

Je craignais de m’ennuyer devant tant de dépouillement mais elle s’en sort bien, d’autant que les petits gags qui ponctuent sa prestation ont changé depuis le concert précédent. Les chansons les plus pop ont été délaissées au profit des balades plus intimes, jolis moments de douceur un peu triste. Je me régale alors qu’elle parcourt largement l’album précédent, Carbon Glacier. Sa technique m’impressionne, bien que je n’y connaisse pas grand chose en guitare. Sur la fin elle est rejointe par un des deux membres de Pure Horsehair, qui assuraient la première partie. Entre deux gorgées de vin avalées au goulot, Shahzad Ismaily tambourine sur sa bonbonne d’eau vide ou l’accompagne à la guitare.

Pure Horsehair, c’est un chanteur barbu, un peu bûcheron, un gros nounours en chemise de flanelle qui distille la douceur de ses mélodies folk à la guitare. Son compagnon, grand échalas aux doigts interminables, au crâne dégarni et à l’air absent semble incarner le côté plus expérimental de la formation, avec ses bricolages aux percussions improbables. Jolie découverte que ce petit groupe sans prétention.

Pas de torrent d’émotions dans ce concert, juste un moment simple et délicat, comme un baume pour esprits tourmentés. Sous la bruine, le retour à pied à travers le vingtième est un délice.