Nick Hornby, Haute Fidélité
samedi 17 septembre 2005, 18h24
Je n’apprendrai rien à personne en disant que ce livre m’a plu, comme il doit plaire sans doute à tous les gens un peu sentimentaux, obsessionnels et mélancoliques. Au lendemain d’une rupture, le narrateur, trentenaire (et hétérosexuel, pour une fois) fait l’inventaire de son passé affectif et s’interroge sur son impuissance à s’approprier sa vie, peuplée de la musique pop qu’il vend dans son magasin au bord de la faillite. C’est écrit avec beaucoup d’humour (anglais), ce n’est pas aussi complaisant qu’on pourrait le craindre, et absolument pas plaintif. Les personnages passent leur temps à dresser des listes, les collections de disques sont soigneusement reclassées après une rupture, un certain snobisme non assumé transpire de la passion du narrateur pour la musique. Et cette manière qu’il a d’exorciser le passé en tuant symboliquement ses ex les unes après les autres… une véritable chasse aux fantômes que je ne renierais pas.
« […] Voilà pourquoi nous restons ensemble. Tu as un potentiel. Je suis là pour l’exploiter.
— Un potentiel de quoi ?
— D’humanité. Tu as tous les ingrédients de base. Tu es vraiment un type aimable, quand on y pense. Tu amuses les gens quand tu en fais l’effort, tu es gentil, et quand tu décides que tu aimes bien quelqu’un, tu lui donnes l’impression qu’il est le centre du monde, ce qui est très excitant. Le problème, c’est que la plupart du temps, tu fais pas l’effort.
— Non. » C’est tout ce que je trouve à répondre.
« Tu… enfin, tu n’arrives rien à faire. Tu te perds dans tes rêveries, tu passes ton temps à penser au lieu de te mettre à quelque chose, et la plupart du temps tu penses des bêtises. On dirait que tu rates tout le temps ce qui est en train de se passer.
— C’est la deuxième chanson de Simply Red sur cette cassette. Une, c’est impardonnable, deux, c’est un crime de guerre. Je peux avancer la bande ? » J’avance la bande avant d’avoir une réponse. J’arrête sur un truc affreux de la période post-Motown de Diana Ross, je râle. Laura continue sur sa lancée sans y faire attention.
« Tu connais cette expression : “Reculer pour mieux sauter” ? C’est tout toi. […] »