Hier soir, je retrouve un mec du net au sauna. Un des derniers, faut-il espérer. Il est comme sur la photo, un visage avenant, sympathique et souriant. Ca se passe bien même si je me sens un peu ailleurs. Rien de grave, des plaisirs simples, sans grandes effusions. Un pilier du Riad engage la conversation, la cinquantaine, un peu vulgaire, mais pas désagréable, le contact semble sexuellement désintéressé, je ne suis pas trop sur mes gardes. Il me parle des autres saunas parisiens, notamment des Bains d’Odessa près de Montparnasse, qui font selon lui très bordel XIXème. J’écoute distraitement en surveillant le contenu de la piscine. « Tu as l’air d’une âme en peine » me dira-t-il un peu plus tard, sans doute à cause de cet air pensif que je prends souvent. Les yeux bleus sont des yeux tristes. Je suis calme et détendu, après un passage au sauna qui m’a épuisé. Sous la voûte du hammam déserté, je fredonne inlassablement la fin entêtante d’une chanson de Laura Veirs…

Gonna dig a coal mine
Climb down deep inside
Where my shadow’s got one place to go
One place to hide