Je suis dans une cabane exiguë au milieu d’un bois, enfermé avec une jeune femme. Nous sommes en cavale, elle est poursuivie, et je dois la protéger du danger qui la guette. Nous sommes au crépuscule, nous allons nous coucher côte à côte. Pour nous défendre, nous disposons d’un fusil, à moins que ce ne soit une carabine. Je passe mon temps à le charger et à le décharger, craignant qu’un coup ne parte malencontreusement d’une part, et d’être pris au dépourvu en cas d’assaut d’autre part. En fait, je ne sais que faire de cette pétoire qui m’embarrasse. Je refuse de la confier à ma compagne d’infortune, qui me le demande pourtant ; c’est moi le mec, c’est à moi que revient la mission virile de protection face à l’extérieur hostile. Elle serait de toute façon incompétente en la matière, trop puérile et inconséquente pour cela. Avant de nous endormir, nous devons faire l’amour. Je suis allongé, elle me regarde, assise sur le lit, d’un air sceptique et dédaigneux, pour me signifier « Tu n’y arriveras pas ». Je me sens mal. Nous nous endormons aussitôt. Alors que la délivrance de l’aube approche, nous sommes rattrapés par la fatalité : la menace, sous les traits de mon ami de prépa, fait irruption dans la cabane. Armé d’un fusil semblable au mien, il le pointe sur nous d’un air furieux et décidé. Pour moi tout s’effondre brutalement, je me sens impuissant, il va tirer et c’en sera fait de nous. Je gémis un « oh non ! » faible et résigné. Est-ce la pitié ou le sens de l’honneur de notre assaillant, le coup ne part pas. La femme disparaît de mon esprit, et un sentiment d’une douceur troublante m’enveloppe alors que je pense au chevalier vengeur.

Je me souviens rarement de mes rêves, aussi ce type de récit est-il rare et précieux, d’autant que celui-ci semble très chargé en symboles. La sexualité omniprésente, les fusils comme autant de symboles phalliques, le rôle masculin qui me pèse, l’hétérosexualité qui m’insécurise, l’homosexualité comme refuge, peut-être la mère castratrice qui veut me priver de mon fusil…

Pour les amateurs de récits oniriques, un de mes amis s’en est fait une spécialité, à un rythme quasi-quotidien qui m’impressionne : rendez-vous sur http://blogniros.canalblog.com.