Auto-référence
mardi 27 septembre 2005, 23h45
Repas improvisé avec Lapin et Choubichou à La Passerelle, charmant endroit que je ne saurais trop recommander. Lapin est en forme, cabriolant d’un sujet à l’autre. Il se lance pour nous dans une explication de texte de Laurent. J’ai tout de suite le sentiment que nous entendons mon récit de la même manière. Il parle de l’excitation et du désir, de leur nature différente, du passage de l’un à l’autre qui peut surgir mystérieusement en toute circonstance. De l’atteinte miraculeuse du point virginal de l’autre.
Régulièrement, j’ai l’agréable sensation que Lapin et moi partageons une empathie singulière, parfois surprenante. À l’inverse, au cours de la conversation, Choubichou reste un peu en retrait, plus extérieur à ces univers ; je me dis qu’on ne peut appréhender les lieux de drague que si on les a vécus. Vus de l’extérieur ils paraissent absurdes, sordides et effrayants. À moi ils me paraissent tellement humains.
Certes on y rencontre la misère humaine. Je dis que cette misère, après tout, est le lot de tout un chacun. Lapin me demande, sur un ton teinté de défi, si l’on doit s’en contenter. Je ne sais pas. La révolte chrétienne m’inspire tellement de méfiance. Outre les hypocrisies qu’elle recouvre souvent, elle me gêne en ce qu’elle vise à éradiquer la part sombre, dans un rêve d’amour, de pureté et de sainteté, comme si l’on pouvait s’échapper par le haut. Je préfère entretenir la tension, approcher la fange pour mieux m’en extraire, confronter l’immonde et le sublime. Laurent est une expérience de vie que je trouve pleine, entière.
Sinon, il devient urgent de me replonger dans Céline. Attendons que l’automne s’installe ; cette fois ce sera « Mort à Crédit ».
Commentaires
Ajouter un commentaire
Les commentaires pour ce billet sont fermés.