Dans le caleçon, l'essence d'une journée
dimanche 23 octobre 2005, 18h51
Quand on a une couille deux fois plus grosse que l’autre, on comprend mieux ce que ressentent les vieillards. On marche d’un pas lent, aussi souple et mesuré que possible ; et quand la gêne augmente, on claudique un peu. Dans le métro, on abandonne la course effrénée pour prendre son temps. On préfère les escaliers mécaniques, où l’on se pose tranquillement pour observer la voûte avancer, tandis qu’on nous dépasse par la gauche d’un pas nerveux si ce n’est agacé. On passe le tourniquet avec minutie, d’abord la jambe droite, de trois-quart, et on prend garde à la porte qui oscille, absurde menace. Si le métro est à quai et fait mine de s’enfuir, on le laisse partir, et on attend sagement le suivant. Une fois dedans, on s’assied avec mille précautions, lourd et gauche que l’on est, et toujours sur le siège contre l’allée, pour se ménager un peu d’espace. Dans un wagon bondé, on craint la foule, le contact malencontreux qui nous arrachera un petit glapissement pathétique. Quand la porte s’ouvre, on boite vers la sortie, doucement, tandis que la rame emmène la foule vers la station suivante.
Quand on a une couille deux fois plus grosse que l’autre, on peut tout de même monter à moto. Il est moins aisé d’y prendre place, mais une fois installé derrière un Choubichou, c’est assez confortable. Le cahot ne parvient pas à meurtrir, et la fraîcheur du mouvement, sous le soleil des grandes avenues, reste agréable. Les souterrains des Halles sont un jeu vidéo grandeur nature ; seule diffère la délicatesse du chauffeur qui m’épargne même les affres de la bordure à sauter en fin de course.
Quand on a une couille deux fois plus grosse que l’autre, on peut passer un bon dimanche. Il suffit d’être bien entouré. Et le monde est plus vaste, et le monde est plus serein.
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