… sont dans un bateau (à la Cigale), qu’est-ce qui surnage ? Déjà mes petites fesses, assises au doux pendant tout le concert, c’est déjà ça.

On commence par New Pretoria. Une bande de petits jeunes qu’on dirait à peine sortis du lycée, look jean-baskets-tee-shirt, un peu godiches. Un grand blond, cheveux longs, queue de cheval, voûté sur son clavier ; un guitariste à l’adolescence banale, qui s’excite devant le synthé pendant un morceau ; un joli brun en guise de chanteur, assez tombeur, belle voix mais qui n’ose pas s’en servir. C’est bien gentil tout ça, mais juste quelques balades pas passionnantes, rien de bien marquant. Au suivant !

Arrive sur la scène une grande gamine à couettes blondes. Pour une gamine, elle a quand même la trentaine : Laura Veirs, accompagnée de ses trois musiciens quadragénaires (claviers, basse, batterie). Elle tient du gerboisidé, elle sautille sur ses chansons, petite fille espiègle et capricieuse. Elle s’adresse au public, détendue, et fait des pitreries. Sur Spelunking, elle explique qu’elle ne veut pas de lumière (No light at all, please, this is a song about cave exploration, what we call spelunking in America) avant de chanter éclairée par une diode bleue fixée sur le front. Au moment d’entamer Galaxies, elle dégaine un flacon de paillettes et s’en tartine le coin des yeux, puis s’en va barbouiller les membres de son groupe et propose ses galaxy sparkles au public. Mais attention, il faut lui rendre le flacon (We stole it in Dublin, so bring it back to me afterwards, instead we’ll have a bad reputation in Dublin). On retrouve des chansons folk toutes simples, sa voix rugueuse surprend juste ce qu’il faut pour maintenir l’attention. Les arrangements sont jolis, jazzy et mélancoliques, plus énergiques que ce à quoi je m’attendais : c’est une bonne surprise. De très jolis moments, sur Rialto le public frappe des mains, parfaitement en rythme, enthousiaste. C’était pourtant casse-gueule de débarquer en ne jouant que des titres du nouvel album, que je ne connaissais pas. Hé bien c’est un sans faute, je suis comblé et larmoyant alors que leur prestation se conclut sur l’unique concession à l’album précédent (Rapture, you want Rapture… I know, this is the song all the French adore… Just be patient, you’ll have it a bit later…). Un concert simple, sympathique, parfois touchant. Ils reviennent au printemps.

Enfin nous arrivons à Syd Matters. Je les attendais au tournant, ceux-là, le premier disque donnait déjà dans la pop un peu cucul, le suivant avait l’air carrément chiant… Ben c’est dur de passer après Laura Veirs quand on a un charisme de potiron. Certes, c’est mignon, doux, aérien… Blah blah blah. Les chansons sont interminables, collages répétitifs de motifs en eux-mêmes pas désagréables, mais agencés sans aucun sens dramatique. On ne sait pas où ça va, et on s’ennuie ferme. Et ce n’est pas la voix monocorde du chanteur qui va nous réveiller. Seuls surnagent de cette prestation assommante la version énergique de Stone Man et le final déchaîné. Las, même les montées en puissance sont mal gérées, on se retrouve vite dans une sorte de bordel sonore pas franchement transcendant… Il y avait pourtant quelques fans hystériques pour beugler le nom du chanteur, et les applaudissement furent assez nourris. Cela me paraît bien surévalué, tout ça.