Edmund White, La Tendresse sur la Peau
samedi 8 octobre 2005, 12h08
Après Un Jeune Américain, deuxième volume de la trilogie auto-biographique de l’écrivain… américain. Où comment se construire une vie de pédé quand on vient du Midwest. Après un premier tome poussif, le deuxième m’a semblé plus intéressant, même si l’extase n’est pas toujours au rendez-vous.
Étonnamment, ce ne sont pas tant les épisodes scabreux du bouquin qui m’auront séduit : peu d’empathie à la lecture de ses cabrioles dans les toilettes en tout genre, léger ennui face aux quelques scènes de sexe parsemées dans le récit. J’étais plus curieux dès qu’il s’agissait de voir comment, il y a quelques décennies, l’homosexualité était communément dépeinte comme une maladie, en particulier par ceux qui en étaient « atteints ». À froid, cela peut paraître une évidence, mais l’expérimenter au fil de la lecture fait naître une drôle d’impression d’étrangeté. De même, je me suis surpris à trouver les folles assez pathétiques, alors qu’elles me fascinent d’habitude… Peut-être est-ce dû à l’homophobie intériorisée de l’écrivain lui-même. Il peine à se voir autrement que comme un malade.
Se voir comme un malade… quand j’étais ado je me voyais plus comme un marginal potentiel, une sorte de délinquant, que comme un malade. Il s’agissait de me réformer (pour plaire à Maman, sans doute) plutôt que de me soigner. Je ne sais pas encore dans quelle mesure la nuance est pertinente, mais elle m’éloigne du récit de White.
Lentement, laborieusement, l’écrivain semble s’affranchir de la vision pathologique de sa sexualité, à la faveur de rencontres plus sentimentales et d’un événement historique de l’affirmation homosexuelle, relaté en fin de roman. Lorsque les portraits se font plus précis et nuancés, je m’implique plus dans la lecture. Et lorsque que White dépeint avec justesse et simplicité comment il tombe amoureux, je reste songeur et envieux, incorrigible sentimental que je suis. Reste à lire le troisième tome…