À la bibliothèque de maths d’°O°rsay, je suis tranquillement installé, le nez dans un bouquin. Sur ma gauche, du côté des étagères où sont entreposés les livres, un homme circule dans les allées. Quelques minutes plus tard, voilà qu’il se présente dans l’allée qui sépare les deux rangées de tables où je me trouve. C’est un Asiatique d’une trentaine d’années, en costume modeste mais appliqué. Partant de devant, il s’approche de moi à reculons, l’air absorbé, et finit par buter dans la poubelle disposée au pied de mon bureau. Pataud, il la remet en place comme il peut, puis continue son étrange procession jusqu’à une table derrière moi, où travaille un autre Asiatique. Là il fait demi-tour, revient sur ses pas, toujours le dos tourné à son chemin. Boum, dans la vitre du local de la photocopieuse. Il échappe à mon champ de vision. Blam, dans la porte de la salle de lecture. Je ne suis pas vraiment surpris, juste circonspect, plutôt tendre envers cette scène. Nous sommes chez les matheux, après tout.

Quand je quitte la bibliothèque, le fanfaron parcourt le couloir, assis sur une chaise à roulettes. Toujours à reculons.