Je ne connais vraiment ni l’un ni l’autre, j’y suis allé pour voir, parce que c’était peu cher et au Nouveau Casino, petite salle sympathique. Apparemment peu de gens ont raisonné comme moi : la salle est à peine clairsemée d’un public entre deux âges. Bon, c’est pas gagné.

Ce soir les synthés sont à l’honneur, ils jouent un rôle central dans les compos des deux groupes qui se succèdent. Chez Supersystem, ils s’intègrent dans une électro métissée. Ils font tantôt une sorte de sous-Rapture bordélique, avec leurs voix un peu pénibles et répétitives, mais tantôt leur musique se teinte d’Orient, la guitare part pour l’Afrique ou les Caraïbes, les rythmes se syncopent, tanguent et chaloupent, et là, on se dit que ce groupe à quelque chose à apporter, que c’est bien, que c’est beau. Je retrouve les accents orientaux qu’on peut attraper chez Kasabian lorsqu’on est patient. Les Supersystem me sont sympathiques, le petit mec aux claviers a une bonne bouille. Un final rythmé et hypnotique clôture leur prestation dans la bonne humeur, avant que le groupe ne vienne se mêler au public pour la suite du concert.

Changement de décor, on passe du petit concert à la cool au débarquement des rock stars : Chikinki déboule sur scène. Quatre synthés pour deux musiciens, un batteur, une guitare – pas de basse, la basse est assurée par les synthés – et, incontournable, le chanteur. Ils sont lookés, tiennent leur rôle. Le guitariste gratte, stoïque et efficace. Le jeune binoclard, noyé dans sa choucroute de boucles blondes, frappe son clavier, plié en deux, torse à l’horizontale. Le chanteur capte immédiatement l’attention. Imaginez une grande autruche avec un t-shirt trop petit et une ceinture cloutée, complètement pétée, qui minaude en bafouillant à la recherche des quelques mots de français qu’elle sait encore… Pourtant dès que le show commence, on s’en prend plein la tête ; c’est plus dansant que je n’aurais pensé. On nous expédie le tube Ether Radio en deuxième, pas mal, puis le reste de l’album mêlé à des trucs que je ne connais pas. Ils restent toujours crédibles, même s’il manque sans doute un petit quelque chose. Ferveur cependant lors du rappel, lorsqu’ils reprennent Rock & Roll du Velvet Underground.