°g°erboiseries*

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Je me pose deux minutes

Et là se dessine un schéma éclairant. Subitement, je vois mieux ce qui se joue-là, pourquoi une telle hystérie. Ce mec, c’est un Clément. Dans ma perception c’est un Clément. Clément c’est l’ex mythique, la relation où, pour s’en dépêtrer, il a fallu en baver. Deux ans et demi de démêlés pour une relation de départ de, quoi ? quinze jours peut-être. On peut dire que j’en ai chié, mon entourage doit s’en souvenir, car ils en ont soupé. Eh bien là ça recommence. J’ai l’impression que ce sont les mêmes mécanismes funestes qui s’enclenchent. Vu sous cet angle, c’est rassurant de voir qu’il y a quelque part un petit fusible qui vient de péter, une grosse sirène qui s’est déclenchée pour faire dérailler le train avant que les dégâts ne soient trop importants. Une fois ça suffit, merci, j’ai d’autres névroses à traire maintenant. Cela dit, ce garçon nouveau n’est pas non plus le Clément mythique. Ce serait beau qu’il parvienne à s’extirper de ce symbole. Je veux bien lui en laisser la possibilité. Mais la balle est dans son camp. En attendant, moi je vais profiter du soleil.

Je pleure

Je pleure parce que je veux toujours tout d’un coup, qu’il est impossible d’attendre, que tout de suite c’est l’urgence, que ça ne peut pas être léger, que tout de suite il faut savoir où ça va, qu’il faut voir s’il est disponible, qu’il ne l’est jamais, qu’il y a toujours un ex, un moment de blues, un travail qui merde, ou alors c’est un mec, carrément, ou bien une névrose, une psychose, que sais-je encore, il y aussi tout le passé qui remonte, on fait ce qu’on peut pour le tenir à distance mais c’est une lutte constante et toujours perdue, je pleure parce qu’au final je me fais toujours submerger, que je n’y arrive pas, que j’aimerais m’en foutre de pas y arriver parce que c’est peut-être là qu’elle est la putain de clef, mais non je m’en foutrai jamais, dès qu’il y a un petit quelque chose ça me travaille au corps, au cœur, ça part en vrille, impossible de contrôler quoi que ce soit, ça confine à la démence, il aurait jamais dû prendre tant de place en si peu de temps, d’ailleurs je ne le connais pas ce type, ça s’est barré en couille dès qu’autour de moi y en a eu un ou deux pour dire que c’était potentiellement bien parti, dès qu’il y a eu des encouragements je me suis jeté du haut de la falaise dans l’océan de mes manques, et c’est reparti, incontrôlable, donc on en parle sur MSN, je lui dis en gros qu’il faut qu’il fasse gaffe à pas me secouer comme ça dans tous les sens, que s’il veut aller au sauna je suis pas la personne la plus indiquée pour le conseiller sur le sujet, que je comprends qu’il soit pas disponible mais que je peux pas me prendre l’évidence dans la gueule constamment parce qu’elle fait mal cette évidence-là, je dis que je vais le laisser se reposer, qu’il aura qu’à revenir me chercher quand ça sera un peu posé de son côté, mais c’est comme si je savais qu’il le fera pas, je n’existe pas, je suis une anecdote, il va paumer mon numéro ou je sais pas quoi, et moi je vais attendre comme une conne, le mieux ce serait de zapper, de passer à autre chose, de tirer un trait de plus sur des espoirs accouchés trop vite et qui ne sont pas viables, jeter la page à moitié écrite parce qu’on bloque sur la dernière phrase et qu’on ne sait pas comment la débloquer, l’arracher, la déchirer, puis prendre le cahier entier et le jeter au feu, penser à autre chose, partir, oublier, se vider.