°g°erboiseries*

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Androgyny Party : Name dropping

Hier soir, à l’Androgyny, pas de trace de Freaky. Ni de jnsr. Ni d’Orange. Ni de tag. Ni de Fawn. Ni de Comité. Ni de Farkas. Ni d’-alias-.

Mais il y avait quand même du monde. Avec Luke, on a dansé comme des oufs. Je l’adore quand il a bu. Avec Hélène on s’est amusé sur la piste et aux dépens de son prétendant, vulgaire et laid. Avec AC&P on se touche de plus en plus, parfois il me prend de le lécher. Le voir en soirée me réjouit à chaque fois un peu plus. Avec MisterPatate*, on s’est carrément collé des baffes. Il est joueur, l’animal, et mon t-shirt ainsi que mon shampoing semblent l’avoir ravi. Avec Pheel on a improvisé d’étranges chorés sur le remix vulgaire mais habituel de You Spin Me Round de Dead or Alive (special dedicace to Nothing, qui n’a pu se joindre à nous). J’ai aperçu Neimad pour la première fois de ma vie. Ça n’a pas changé le cours de ma soirée. Yann m’a dit que j’avais bonne mine. Le photographe de Têtu m’a dit que j’étais « très joli ». Un garçon m’a copieusement peloté le cul au détour d’une danse endiablée. Voilà un baptême de pantalon tout à fait honorable.

Je commence à me faire à ces ambiances légères, un peu saoules, où on prend plaisir à revoir des gens qu’au fond, on connaît à peine. Je danse n’importe comment, presque sans boire, et je souris en pensant que je suis tellement plus détendu qu’auparavant. Dans ce monde-là les contacts sont devenus inoffensifs, et j’aime bien ces cajoleries incessantes de pétasses alcoolisées, un peu perdues mais pas toujours tant que ça.

*

Et si tout recommençait ? Ce soir, je vais chez PatCo. Pour finir.

Cadeau de Noël

Tel un génie de sa lampe, un jeune homme a surgi sur mon MSN, torse nu sur une plage. C’était la veille de Noël. Il m’envoie son profil Keumdial. Nous avions vaguement parlé au début de l’année et il avait disparu, je l’avais retiré de mes contacts. Il a l’air mignon, ce qui me met dans de bonnes dispositions. En échange je lui envoie quelques photos ; les compliments ne tardent pas. « Quel âge as-tu ? », « Tu es où ? », « Est-ce que tu es poilu ? Moi j’aime bien les mecs qui font mecs, poilus », « Tu te rases pas le torse au moins ? », « Tu es actif ou passif ? Moi je suis passif mais je peux aussi faire plaisir », « Tu sais, je suis un mec cool, on va pas se prendre la tête, on se rencontre et on voit ce que ça donne, le couple j’y crois plus trop ». Il remplit sa fiche, il coche les cases. On s’épargne de justesse les tailles de bites. « Oh la taille on s’en fout, c’est pas important. » Enfin, la sienne est en photo sur son profil. Profil où on trouve aussi No tabou. « Histoire qu’il n’y ait pas de malentendu, ici c’est SSR, la capote c’est pas en option, et ce n’est pas négociable. — Non, t’inquiète, je suis pas fou, je tiens à ma santé. » Quelques jours plus tard, il a déjà perdu mon numéro, je lui donne une nouvelle fois, il m’appelle. Il cherche à bavarder mais ça n’est pas très naturel. Enfin, je parle pour moi, ma voix a dû lui plaire parce que la conversation sur MSN s’échauffe. « J’aime bien épuiser les mecs tu sais ? » Il se découvre peu à peu, il dit qu’il aime que ce soit bestial, que l’autre se lâche sur lui, approche ses limites. Il aime aussi les câlins, plutôt avant ou après l’acte. « Est-ce que tu aimes le jus ? » C’est un chaud, quoi, on peut le secouer, il aime ça. De quoi débiter des mètres et des mètres de sopalin. Et après ?

Du corps d’Orange je ne sais pas grand chose. Il y a quelques photos qui traînent de ci de là, mais pour savoir à quoi il ressemble à poil, quelle est la densité de sa toison thoracique par exemple, hé bien il faudrait que je le déshabille. Pour savoir ce qu’il aime il faudrait essayer, accepter de tâtonner, de se tromper, de s’adapter, d’être à l’écoute, d’être patient. Je ne fantasme pas sur lui, pas d’idée préconçue, sexuellement c’est une énigme, et c’est très bien comme ça. Ce qu’il cherche dans la vie ne se réduit pas à quelques phrases lancées au hasard d’un chat, cela reste diffus, un peu mystérieux, même si j’en ai une petite idée. Je ne sais pas si on se reverra, mais c’est comme ça depuis le tout début.

Orange c’est accepter l’incertitude, l’indéfini, le flou. C’est sortir du net et de cette manie de réduire l’autre à mes propres fantasmes, à le contraindre de la sorte pour ne jamais le rencontrer tel qu’il est. Ah, le joli piège qu’ont été ces chats, le piège tendu à mes angoisses, à mon obsession de contrôle.

Chants de Noël

Alors que nous embarquons dans la voiture pour monter chez les grands-parents, ma mère nous propose, à mon frère et à moi, de mettre notre musique. Nous n’avons pas pris les CD offert à Vonziz pour Noël, je ne sais pas si toute la famille aurait supporté Hard-Fi ou The Go! Team jusqu’à bon port. On se rabat donc sur la radio.

On commence par France Bleu Belfort-Montbéliard. Georgette appelle pour dédicacer à son Roger Glori Glori Alleluiah de Frank Michael. Hum hum. On passe sur Europe 2, on met du « rock » ; je lâche un sarcasme discrètement. Ça pourrait être pire, ils passent Feel Good Inc. de Gorillaz. Manque de pot, arrivés à l’Isle, ça ne capte plus. Coup de chance, Couleur 3 passe bien. C’est une radio suisse bien sympatoche. Invités de l’émission Republik Kalakuta, Asian Dub Foundation. Ben on n’a pas fini de se faire chier. « C’est pas très intéressant cette émission » dit ma mère, et on retrouve Georgette et Roger, sur France Bleu Besançon cette fois, où l’accent régional se fait un peu plus discret.

Arrivés chez les grands-parents, nous sommes accueillis par le pape à la télé. Après le journal expédié en un quart d’heure, Céline Dion s’installe chez Drucker. Chanceux que nous sommes, nous aurons droit à la rétrospective complète de sa vie de fausse modeste. Le passage avec Jean-Jacques Goldman me rappelle des souvenirs d’enfance ; j’avais vu un reportage quand j’étais gosse, je l’avais trouvée sympa cette Céline, et j’étais même content quand ma mère mettait D’eux dans la voiture. Ils repassent les chansons, je les reconnais, je les chante presque.

J’ai trop bu et trop mangé. Je vais m’affaler sur le lit dans la salle à manger, à côté du fourneau, °g°erbiPod sur les oreilles. Sigur Rós quand on est un peu pété, c’est une expérience à vivre, particulièrement l’album ( ). En plus je peux faire semblant de m’endormir, et on me fout la paix.

Quand j’émerge, la Céline n’a toujours pas levé le camp. Le grand-père maugrée « Elle chante mal, on comprend rien à ce qu’elle dit. De not’ temps, les chansons étaient autrement plus belles. Le matin je mets la radio sur Besançon, il y a de l’accordéon, ça c’est bien, pas comme celle-là, on comprend rien à ce qu’elle dit. »

Céline cède la place au patinage artistique. Une des chorés est montée sur une improbable version espagnole de Comme d’habitude, interprétée au synthé Bontempi. Je fuis. Après un revival shoegazers (Slowdive, Pale Saints), je me console avec des trucs de goût douteux (Hard-Fi, Infadels). Il est temps de rentrer.

Parfums de Noël

Mon frère Vonziz porte Hugo Boss. Comme Nothing.

Mon père porte Dune. Comme Stéphane.

Je porte Kenzo. Comme Khaled.

Il ne manquait qu’une idiote pour porter Body Kouros. Comme Clément. Comme Mathieu.

Et heureusement, le parfum de ma mère ne me rappelle aucun ex.

N’habite plus à l’adresse indiquée

C’est la première fois que je retourne chez mes parents depuis l’ouverture du blog. La plume est étonnamment sèche. Noël approche placidement, premier Noël où j’aurai fermement refusé la messe de minuit. Avec la famille, les quelques mois passés sans nous voir rendent les échanges plus cordiaux, mais le choc des habitudes réapparaît déjà. Mon père s’énerve pour des broutilles, ma mère pour une douche mal essuyée. Le froid rend les promenades dans le bois peu motivantes. La maison elle aussi a perdu quelques degrés, du fait du prix du fuel. L’ennui est masqué par le besoin de repos. J’appellerai peut-être Marina ; sans doute n’en aurai-je pas le courage. Mardi j’irai voir Manu, il m’a invité à manger, espérant que je passe la nuit auprès de lui. Dans le salon, allongé sur la banquette, devant le plein panier de papillottes, aucun film ne me passionne. Le sapin illumine quelques rares lambeaux d’enfance. Je me sens seul. Il me manque.

°g°erboise comtoise

Puisque c’est ça, j’me casse !

Alors, qu’on se le dise…

… Je ne suis pas un vase Ming posé sur une commode !

Non mais !

Du cycle naturel de mes humeurs

J’écoute la compile Gooom volume 2 et le soleil découpe des volutes de fumée sur la barre HLM en face. J’ai la flemme de me tailler la barbe, j’ai la flemme de nettoyer la cuisine. J’ai réussi à fourrer les draps dans la machine, ce soir je dormirai dans la fraîcheur lavande. Il y a cette vieille dame viêt avec qui j’ai mangé au japonais hier, qui m’a souhaité de bonnes fêtes avant de prendre congé. Je ne sais pas comment elle s’appelle. Tout à l’heure j’irai manger avec Peter Rabbit, sans doute à Gambetta comme d’habitude. Un cheese burger. Pourvu que le plat du jour… Je devrais appeler Choubichou pour lui proposer de se joindre à nous. C’est moche de s’être frittés pour ces conneries existentielles. Superficielles. Mon appart me paraît sale, mal décoré, en décrépitude, il faudrait changer ça. Il n’a pas rappelé pour le moment, ça me soulagerait. Dépêche-toi. Cette compile est vraiment bien. Jay. Mon ordi rame parce que je rippe sous iTunes. L’autre jour, Farkas apprenait à plonger. La tête la première. Hier je racontais que des conneries à ma mère sur MSN, un vrai chien de cirque. Il y a deux trois jours j’étais heureux.

Épilogue d’une année

L’année dernière, je me disais qu’il n’était pas prêt, alors je n’avais pas fait très attention à ses résultats. Du coup j’avais bien merdé : j’avais fait le mort suite à son échec. Il me l’avait reproché ; à raison. Je m’étais dit un truc comme « °g°erboise, tu es quand même un peu égocentrique là, fais un peu plus attention aux gens, surtout quand ce sont tes amis ».

Cette année c’était complètement différent. Après un an de prépa, c’était tout à fait jouable. Même si je craignais qu’il n’ait pas assez travaillé, il travaillait toujours un peu. Coup de stress avant l’admissibilité : l’aura-t-il ? Oui. Ouf, vrai soulagement. Les choses sérieuses vont pouvoir commencer.

L’oral, c’est pas son truc. À l’agreg ça avait été dur. Je me dis que c’est quitte ou double, et qu’il faudra être attentif à ce qui va se passer. Impossible de me mettre ses dates d’oraux dans la tête, je les oublie tout le temps, mais à chaque fois j’essaie de les lui demander à nouveau. Il passe dans les premiers, ça ne l’arrange pas pour ses révisions. Moi ça ne m’affole pas trop, ça m’a fait ça à l’agreg, et ça m’a plutôt bien réussi. Le jury est moins fatigué et donc mieux disposé, ça peut aider.

Les oraux techniques passent, sans trop de casse. Je le sens assez serein pour quelqu’un qui craint l’oral. Le grand O, pareil, pas mal, sans qu’on puisse être sûr de l’effet produit, évidemment. Sur la fin, la fatigue se fait sentir, ses nerfs sont à rude épreuve, j’essaie de serrer les dents avec lui. Après il ne reste plus que le sport, autant dire que ce sont les vacances. Et une petite semaine à stresser avant les résultats. Un petit peu avant, je doute à nouveau, c’est quand même redoutable ce concours.

Je suis à la fnac des Halles, au rayon disques. Mon portable bipe : c’est Stéphane. « Farkas est admis. » Waw. Un petit sourire d’abord, je me dis « Ouais, génial ! ». Puis je rigole franchement, j’ai les larmes aux yeux, et me voilà qui gambade dans le magasin pour laisser l’émotion s’exprimer. Je crois que je n’ai jamais été aussi heureux pour quelqu’un.

*

Bon, eh bien ça y est, je suis sorti avec deux énarques. C’est ce qui s’appelle soigner son réseau de relations.

Mort au Jeune #deux

-alias- et MisterPatate* débarquent avec une ou deux personnes que j’entraperçois. L’instant d’après, un grand mec s’approche pour me dire bonjour ; c’est lui. Je dis à je ne sais plus qui à proximité « c’est lui ». Nothing. Je l’avais bien vu venir ce coup-là, qu’il allait débouler avec MisterPatate*. Merde, et j’ai pas préparé mon texte, quelle conne.

Plus de deux ans que je ne l’avais pas vu. Comme au téléphone, il est méconnaissable. La mèche, l’habit et la posture. Je l’avais laissé au fond du trou, muet et neurasthénatique. Me voilà en face d’une diva avenante et volubile, qui me fait la conversation alors que j’ai du mal à suivre. Je suis sonné.

Peu à peu, le fantôme que j’épie en lui se détache du personnage malgré le bruit, la fatigue et les vapeurs d’alcool. C’est une bouche, c’est un rire, c’est une mimique qui me saute à la figure. Ce sont ces conversations comme des tiroirs à double, à triple fond, où je ne sais jamais à quoi m’en tenir. Peu importe. Ce sont ces sujets qui fâchent, qui désormais ne fâchent plus guère. C’est sa douleur, c’est ma culpabilité et mon désir de rédemption. C’est sa rudesse et ma fragilité. C’est mon égoïsme et sa fragilité.

Il m’invite à danser sur Noir Désir de Vive la Fête, je titube et me sauve l’observer depuis les bras de Guillaume. Je dis encore pas mal de fois « C’est lui, c’est lui ». C’est la maaaaaa-aaaaa-nie… Il y a aussi MisterPatate* autour de qui se nouent des jeux compliqués. MisterPatate* qui me bat froid. Je me demande bien ce que Nothing a pu lui raconter à mon sujet. Sans doute de la laideur. Quoi de plus naturel, j’aurais fait pareil. D’ailleurs en mon temps je ne m’en suis pas privé. J’ai fait pareil.

Toute la soirée se dissout en Nothing. Certains diront que j’étais comme aimanté par ma quête désespérée du spectre ; après tout c’était peut-être la dernière fois qu’il m’était donné de le voir. Ils diront aussi que cette quête aura fait de moi une serpillière, prête à tout pour être avec lui, pour lui parler, pour m’abreuver de sa présence. Sa main qui descend sur mes fesses, mon regard sur son visage, ses lèvres sur les miennes…

« Quoi ? Tu es sorti avec lui ? » Oui, il y a deux ans, je suis sorti avec lui, et je ne veux pas savoir à quoi vous pensez au juste, ainsi drapés dans votre surprise. C’est vrai qu’il détone. Putain, je suis fier de ne pas être là où on m’attendait. Oui, je suis sorti avec lui, et je l’ai aimé, ce Nothing, ne vous déplaise. Je le porte partout avec moi : il se cache dans ma barbe. Il a beau m’horripiler à ses heures, il a beau surgir d’un passé bien révolu, je lui conserve toute ma tendresse et j’ai toujours soif de le connaître. « Je reste en France pour trois mois, on se voit bientôt ! »

*

Édouard ne s’est pas trop ennuyé. Pas mal de monde a chopé. Les gens m’ont gentiment demandé des nouvelles d’Orange, à qui j’ai souvent pensé au cours de la soirée. Orange… Siskid passait plutôt bien en DJ. Prostipütain aussi. Une fois Nothing parti, toute mon énergie s’est vidée sur What Was Her Name? de Dave Clarke : toujours un grand moment de complicité avec LeFaune.

*

Tout ça, c’est fini.

Christopher Isherwood, Adieu à Berlin

Christopher Isherwood, Adieu à BerlinChristopher Isherwood raconte sa vie à Berlin au début des années 30. Le livre est divisé en parties centrées sur certains personnages, de milieux sociaux variés, que le narrateur est amené à fréquenter du fait de son statut précaire d’écrivain-répétiteur d’anglais. D’abord superficiel et léger (un peu trop peut-être, ces passages inconséquents m’ont un peu ennuyé), le récit se teinte de mélancolie à mesure que le nazisme s’empare insidieusement de la capitale. La menace s’incarne tour à tour dans des personnages d’abord insignifiants, simples sympathisants pathétiques. Je m’inquiétais initialement du ton trop badin, mais il renvoie sans doute à l’inconscience générale face à la montée du nazisme. Les toutes dernières pages, consacrées au départ définitif de Berlin en 1933, sont d’une émotion stupéfiante comparée à la timide gradation qui les a précédées.

À noter, pour nous autres lecteurs pédés, le joli jeu de piste que représente ce livre ; l’homosexualité d’Isherwood n’a été révélée que récemment, et il n’y est pas directement fait allusion dans ce livre. Pourtant le lecteur averti ne s’y trompera pas. Par exemple, chez les Landauer, riche famille juive qui l’a convié à un repas :

Et de nouveau me prenant à partie :
— Je viens justement de lire un ouvrage français sur votre grand poète, Lord Byron. C’est du plus haut intérêt. Mais je serais très heureux de connaître votre opinion d’écrivain sur la très importante question que voici : Lord Byron s’était-il rendu coupable du crime d’inceste ? Quel est votre avis, Mr. Isherwood ?

Je sentais que je commençais à rougir. Chose curieuse, ce qui me gênait surtout, ce n’était pas la présence de Natalia, mais celle de Frau Landauer, placidement occupée à mâcher. Bernhardt, avec un sourire subtil, baissait les yeux sur son assiette.

— Eh bien, commençai-je : c’est assez difficile…
— Le problème est du plus haut intérêt, interrompit Herr Landauer, nous regardant tous gentiment à la ronde et continuant à mastiquer d’un air satisfait : Allons-nous admettre que l’homme de génie est un individu d’exception, qui a droit à une conduite exceptionnelle ? Ou bien dirons-nous : « Non. Vous écrivez de beaux poèmes ou peignez de beaux tableaux, soit ; mais dans la vie courante, vous devez vous conduire comme une personne ordinaire et obéir aux lois que nous avons instituées pour les gens ordinaires ; nous ne vous permettrons pas d’être extra-ordinaire ? »

Herr Landauer, la bouche pleine, nous fixait triomphalement les uns après les autres. Tout à coup le rayonnement de son regard se concentra sur moi :
— Oscar Wilde, votre auteur dramatique, voilà un autre cas. Je vous soumets ce cas, Mr. Isherwood. J’aimerais connaître votre opinion. Votre justice d’Angleterre était-elle ou non en droit de châtier Oscar Wilde ? Dites-moi ce que vous en pensez, je vous prie.

Il me considérait, ravi, la fourchette avec le morceau de viande suspendue à mi-chemin de sa bouche. À l’arrière-plan, je percevais le sourire discret de Bernhardt. Les oreilles brûlantes, je recommençai :
— Eh bien…

Mais cette fois je fus inopinément tiré d’embarras par une observation que Frau Landauer adressait en allemand à Natalia, durant laquelle Herr Landauer parut oublier son problème.

Chikinki + Supersystem

Je ne connais vraiment ni l’un ni l’autre, j’y suis allé pour voir, parce que c’était peu cher et au Nouveau Casino, petite salle sympathique. Apparemment peu de gens ont raisonné comme moi : la salle est à peine clairsemée d’un public entre deux âges. Bon, c’est pas gagné.

Ce soir les synthés sont à l’honneur, ils jouent un rôle central dans les compos des deux groupes qui se succèdent. Chez Supersystem, ils s’intègrent dans une électro métissée. Ils font tantôt une sorte de sous-Rapture bordélique, avec leurs voix un peu pénibles et répétitives, mais tantôt leur musique se teinte d’Orient, la guitare part pour l’Afrique ou les Caraïbes, les rythmes se syncopent, tanguent et chaloupent, et là, on se dit que ce groupe à quelque chose à apporter, que c’est bien, que c’est beau. Je retrouve les accents orientaux qu’on peut attraper chez Kasabian lorsqu’on est patient. Les Supersystem me sont sympathiques, le petit mec aux claviers a une bonne bouille. Un final rythmé et hypnotique clôture leur prestation dans la bonne humeur, avant que le groupe ne vienne se mêler au public pour la suite du concert.

Changement de décor, on passe du petit concert à la cool au débarquement des rock stars : Chikinki déboule sur scène. Quatre synthés pour deux musiciens, un batteur, une guitare – pas de basse, la basse est assurée par les synthés – et, incontournable, le chanteur. Ils sont lookés, tiennent leur rôle. Le guitariste gratte, stoïque et efficace. Le jeune binoclard, noyé dans sa choucroute de boucles blondes, frappe son clavier, plié en deux, torse à l’horizontale. Le chanteur capte immédiatement l’attention. Imaginez une grande autruche avec un t-shirt trop petit et une ceinture cloutée, complètement pétée, qui minaude en bafouillant à la recherche des quelques mots de français qu’elle sait encore… Pourtant dès que le show commence, on s’en prend plein la tête ; c’est plus dansant que je n’aurais pensé. On nous expédie le tube Ether Radio en deuxième, pas mal, puis le reste de l’album mêlé à des trucs que je ne connais pas. Ils restent toujours crédibles, même s’il manque sans doute un petit quelque chose. Ferveur cependant lors du rappel, lorsqu’ils reprennent Rock & Roll du Velvet Underground.

Orange Quest IV

Il vient de faire la liste de ses dix films préférés pour l’année 2005. Numéro 1 : Mysterious Skin. Numéro 2 : Moi, toi et tous les autres. My goodness. C’est effroyable, j’aurais choisi les mêmes. Les mêmes ! Et j’ai une preuve pour le numéro 2 ! Quant au 1, j’ai des témoins !

À part ça, les plaisanteries les plus courtes étant les meilleures, les commentaires sarcastiques de TAG n’étant pas toujours très bien compris, et l’identité d’Orange devant être connue d’à peu près la moitié de la blogosphère, il convient peut-être de se calmer un peu dans le déballage. Si le seul intérêt est de faire péter nos high-scores de fréquentation de blog, ça devient un peu… vulgaire. Et je déteste la vulgarité, c’est bien connu.

En conséquence, la saison 1 d’Orange Quest touche à sa fin. Si saison 2 il doit y avoir, ce sera dans un cadre plus pudique (et qui sait, plus intime… hé hé hé ; mais c’est une autre histoire). Un grand merci à tous les joyeux loulous qui, par leurs ragots et leurs commérages, ont rendu tout cela possible. Je vous aime tous, mes chéris !

Jay (Lézardes)

Samedi soir, 23h. J’entends la musique depuis le couloir. Tout frais tout propre, je sonne à sa porte. « Un instant, j’arrive ! ». J’entre, je me déchausse, je retire ma veste péniblement. Lui tourne en rond : « Allez, à poil ! » s’exclame-t-il en riant. Imperturbable, je vais m’asseoir sur le lit pendant qu’il va chercher à boire. « J’ai remis mes chaussures avant que tu n’entres, je traînais en chaussettes ». Ça aurait fait désordre, il a tout rangé, la pièce parait plus grande que les fois d’avant. J’observe les cadres accrochés sur le plâtre défraichi.

Une vidéo d’opéra. Siegfried. Décors minimalistes. Je suis intrigué par Wotan. Je suis toujours sur le lit, lui assis sur une chaise à côté. Nos regards se croisent parfois. Il vient me rejoindre, il m’embrasse. C’est donc parti, au son de l’opéra. « Toi, je te veux dans mon lit pour toute la nuit ! » Au bout d’un moment on en a marre de Siegfried. Il me montre le disque de Katerine, je ne suis pas très emballé. Oh oui, le dernier Depeche Mode, je ne l’ai pas encore écouté. Nous reprenons. Les accords doucement cinglants de Precious, ce sera lui : Jay.

Le disque touche à sa fin, une petite pause pour en mettre un autre. C’est parti pour Katerine. Un pétard pour lui, ce n’est pas encore ce soir que j’essaierai. Pourtant j’ai confiance, avec lui je pourrais. Comme un petit garçon qui a fait une bêtise : « Oui, j’ai toujours aimé les drogues, faire l’expérience d’autres perceptions. Et je me suis toujours senti un peu différent. » Il me conte une mésaventure de back-room. Une grosse grue qui boit du GHB non dilué au goulot, dans une bouteille de 300 doses achetée sur le net. Tout ça après la picole. Effet garanti ; spasmes épileptiques, et accessoirement copain furieux. Mais son histoire finit bien. De justesse. Bon, Katerine ça va un moment, on zappe après Marine. Jay ressort la Chrysler Rose de Dashiell Hedayat.

*

« Désolé, je bande mou. » On a éteint les lumières, fait mine de dormir quelques minutes, pas très longtemps, quoi. « Oh, ne t’en fais pas, moi je ne suis pas dedans. J’ai des problèmes avec le sexe en ce moment, je crois que je suis en phase sentimentale nunuche. Même si je me sens bien avec toi, j’ai envie d’autre chose. — Je vois. Moi ça ne va pas trop, je dors mal. C’est une période difficile. » Il me parle de lui. 7 ans, puis 14 ans, deux histoires, deux drames intimement liés. La deuxième a pris fin il y a un an. Sinistre anniversaire. Il me raconte, m’explique comment il a condamné la pièce au fond de l’appartement pour y enfermer les fantômes. La chambre. Ne surtout pas le couper, le moment est d’une rare vérité. La vie ne l’a pas ménagé. Pourtant il est resté tellement doux. Quand je reprends la parole, j’essaie de cacher les sanglots. Je ne pourrai plus me plaindre de la même manière. Mes fantômes sont en papier crépon et dansent en farandole, comparés aux siens. Toute la nuit les spectres feront claquer la porte de la salle de bains.

*

Je me lève le premier, je dois retrouver Farkas et Anne-Laure pour le déjeuner. « Dis, Jay, comment on se sert des robinets dans ta salle de bains ? — Ben tu les tournes ! — Oui mais il y a une astuce ! — Ah oui, l’eau chaude patine, il faut appuyer sur le robinet en tournant. Fais gaffe l’eau peut être très chaude. » Dans le couloir, un joli jeune homme me regarde : un de ces magnifiques portraits dont Jay est l’auteur. Je m’installe, l’eau coule. Au moment de couper l’eau « Jay ! — Quoi ? — J’y arrive pas ! » Il accourt, serre le robinet. « Ah oui, en tournant dans le bon sens, ça marche tout de suite mieux. » Il ne dit rien, met un peu de savon pour faire mousser mon bain. Dans le couloir « J’ai un gogol dans ma salle de bain. Et pas l’auteur russe ! »

L’eau me réchauffe, j’observe cette pièce décrépie, les fissures, la peinture noircie dans la lumière blafarde. À l’abandon, cet immeuble finirait par s’effondrer.

Au sortir de l’eau, je monte sur la balance. 59,8, je n’ai donc pas grossi. « C’est évident que tu n’as pas grossi ; j’aime bien la littérature russe, mais tu pousses un peu, °g°erboise ». On prends le petit déj en regardant une série à la con sur Pink TV. Je pense à Ed, je raconte à Jay la fois où on avait regardé les Feux de l’Amour tous les deux en faisant des commentaires. Je m’habille pour partir. « Dis, tu as les compiles Gooom ? J’y jetterais bien une oreille ! »

Orange Quest III

L’aventure continue, pour le plaisir du plus grand nombre. Toute la blogosphère sera bientôt suspendue à nos hypothétiques ébats. J’apprends cette fois que ma recette de saucisse sur lit de poireaux a fait le bonheur du mari d’un de mes lecteurs, ce dernier étant un ami d’Orange. J’ose espérer que, fort de mon soutien à son bonheur conjugal, il saura me renvoyer l’ascenseur, par exemple en chantant mes louanges auprès d’Orange. Des fois qu’il dorme un peu, celui-là.

Parce que cette fois, je ne voudrais pas dire, mais notre cher ami ne s’est pas cassé la nénette. Il a tout recopié mon post, en se contentant de le saupoudrer de quelques remarques sibyllines. En outre mon post est victime de son obsessionnalité : mon pseudo est systématiquement biffé. Ici il est Orange, là-bas je suis XXXX. L’honneur est sauf, le ragottage contenu.

Je suis curieux de savoir sur quel morceau le souvenir de ce plaisant ping-ping s’accrochera. Un Go! Team ? Pas certain, j’en étais un peu trop fondu avant cette soirée. Sans doute un truc infiniment plus vulgaire de la compile Upbeat °g°erboise. Un truc qui saute partout — un peu comme lui à la soirée — bien mélo, avec des chœurs.

Qu’on se rassure, ma mère n’a qu’un seul disque de Thomas Fersen, mais écoute habituellement Hélène Ségara et a a-do-ré les Choristes. Je la soupçonne d’ailleurs de m’avoir parlé de ce CD dans le seul but de s’en débarrasser. Alors attendez donc un peu avant de vouloir échanger la vôtre contre la mienne !

PS. Il y a une lien, en haut à gauche. « Contactez l’auteur ». À tout hasard, des fois que…

Orange Quest II

« La boîte à pouffe, un système qui a fait ses preuves » dixit Loutre, et je suis bien obligé de le reconnaître. On peut dire que le téléphone orange marche à plein tube. On m’informe que le garçon a un blog, où l’on peut lire :

J’avais un ticket avec un joli garçon (thanks to Wonderboy pour le tuyau) mais j’étais plus d’humeur conviviale que charmeuse donc je n’ai pas donné suite.

Un peu plus loin, une citation du post PopTeaTime Show, conclue par une remarque soulignant la mignonitude de mon propos. Résultat :

  • Je ne sais plus où me mettre, mais c’est une sensation agréable ;

  • Un blog de plus dans ma blog list. Naaan, pas dans ma liste de liens, bande de petits voyeurs !

  • Orange aime comme moi The Go! Team, et il y a Clap Your Hands Say Yeah sur sa radio-blog ;

  • Orange s’est rendu compte que j’avais lu sa fiche sur le site des Popingays, je vais encore passer pour l’hystéro de service, trop cool ;

  • Orange se dit « total parano, maso, sado, schizo, alcoolo », génial, on est complémentaires alors ;

  • Orange est timide, donc il ne laisse pas de commentaires sur mon blog ; Orange est parano, il coupe les commentaires sur le sien ;

  • Orange aime aussi Thomas Fersen, il va falloir m’y mettre. Je ne savais pas que ma mère avait si bon goût, ça m’ouvre des perspectives ;

  • Orange a pris un pseudo de bestiole, toute °g°erboise que je suis, avec Loutre on pourra toujours ouvrir une ménagerie virtuelle ;

  • Le polo d’Orange était flambant neuf, c’était un piège, je le savais ;

  • Le message essentiel est passé : « J’aime bien comme tu danses ».

Orange, quoique d’humeur plus conviviale que charmeuse, vous restez charmant.

PopTeaTime show

Les acteurs

Choubichou, puis toute la Famille sauf Peter Rabbit, avec quelques amis. Alias. Loutre. TAG, une de ses amies d’enfance, et son mec un peu plus tard dans la soirée. Guillaume. Freaky. Les Popingays, notamment Monsieur « polo orange ». Une assemblée hétéroclite de gens au look pas trop « I’m the Queen of the Night », simplicité qui me met en confiance.

La musique

Beaucoup de choses que j’aime bien. L’impression d’avoir vraiment infléchi ma culture musicale : avant je m’ennuyais un peu au PopTeaTime parce que je ne connaissais pas grand chose, là les trucs que j’adore s’enchaînent. Du Tigre, du Go! Team, tous les groupes de rock post-ado à la mode, Interpol, un enchaînement Arcade Fire – Clap Your Hands Say Yeah où je hurle les paroles, un autre Madonna – Bloc Party – Le Tigre à se péter les genoux.

La boisson

Deux Heinekens et un coca. Juste ce qu’il me faut pour déconner et être de bonne humeur.

Les danseurs

TAG est saisissant d’aisance joyeusement délirante. Il bouge beaucoup, occupe l’espace en fluidité, en gestes de bras et en chœurs imaginaires qu’il entonne en riant. Normal, il est quand même un peu acteur, ce garçon. Orange danse énergiquement, avec ferveur, nerveux mais sensuel. Il m’épate. Ces deux-là m’invitent à les imiter, sans titiller ma peur du ridicule. De parfaits compagnons de soirée. L’amie de TAG parvient à se dérider après quelques bières. Le mec de TAG ne danse même pas sur Madonna. Choubichou fait mine de ne pas aimer la musique. Freaky ne bouge son cul qu’à partir de 18 bières, sauf sur les Chicks on Speed qui n’ont malheureusement pas été invitées à la fête.

Les ragots

Alias trouve Choubichou super beau, ce que je m’empresse d’aller répéter. Évidemment on ne me croit pas. Alias tombe amoureux à peu près 13 fois dans la soirée, d’environ 9 mecs différents. Il trouve TAG très sympa, alors qu’ils ont à peine échangé quelques mots. TAG me présente enfin son mec, que j’avais déjà croisé nombre de fois ; il me reconnaît aussi, ça me flatte. Guillaume allume au lance-flammes comme de coutume, mais tout le monde était prévenu qu’il fallait prendre garde à la bête. La Famille trouve la fréquentation trop jeune pour elle ; ils exagèrent, c’est très trentenaires cette soirée. Loutre flashe sur un imprimé de t-shirt, et moi sur de l’orange. Non, pas Loutre, elle est en orange, certes, mais je crois qu’on a assez donné comme ça tous les deux. Non, le polo orange.

The Freaky Quest

Alias et moi sommes engagés dans cette périlleuse mission : aller parler à Freaky, l’idole absolue de la blogosphère. Tremblants d’angoisse, on se demande bien ce qu’on va bien pouvoir lui dire. Sera-t-on à la hauteur du mythe, parviendra-t-on à ne pas sombrer dans l’indifférence du maître ? Euh, ça va, tout ça c’est de vastes conneries, Freaky a l’air plutôt content qu’on aille lui parler, en fait.

The Orange Quest

Là ça ne concerne que moi. Toute la soirée passée à tourner autour du pot, à répéter aux gens « j’aime bien comme il danse, ce garçon ». Loutre, agent infiltré chez les Popingays, fait marcher la « boite à pouffe » : il fait dire à Orange qu’il a un admirateur secret. Les retours sont plutôt positifs, mais les regards sont fuyants. Pour moi ce petit jeu est aussi (et surtout) une quête initiatique : apprendre à draguer hors du chat, pour l’essentiel apprendre à oser faire le premier pas. Je n’y parviens pas, mais peu importe : il n’était encore qu’un fantasme, et je sens qu’un jour je finirai par dépasser cette fausse timidité, un peu comme sur les lieux de drague. Peut-être une prochaine fois, mon petit Orange ? C’était pas si mal parti, moi aussi je déteste Vincent Delerm. Et j’aime bien comme tu danses.

Blogdrift

Tiens, il a blogué, ça commençait à faire longtemps. Il parle d’un de ses fantômes, lui aussi. Ça ne me passionne pas, ces histoires. Ça doit faire ça aux gens quand je leur parle des miens. C’est ce que je sens confusément. D’ailleurs j’ai arrêté provisoirement, ne sachant plus quoi en dire, de mes fantômes.

Ce garçon se compte au nombre des « jeunes, ceux que je tolère ». J’ai souvent du mal avec les jeunes. Ils me paraissent immatures : je ricane bien du haut de ma psychothérapie conclue proprement, je ricane de leurs obsessions qui les rongent bêtement, je ricane de leur vanité. Quand ils m’ennuient, je les secoue sans ménagements, je les rudoie. Évidemment c’est très idiot de me la péter comme ça, évidemment que je n’ai pas tout compris et que je suis moi aussi à la merci de mes faiblesses. Au-delà de ça, il n’y a pas de course à la sagesse où il s’agit d’être le meilleur élève. Pourtant, avec eux, j’ai du mal à être patient, comme s’ils me retardaient.

Il y en a certains que je tolère mieux que d’autres, au moins par moments. Ceux qui sont écorchés vifs. Ceux qui sont paumés et qui se dispersent au gré de leur houle intérieure, projetant sur ma vie l’urgence de leur appels désespérés ; ma vie, toujours trop fade à mon goût. Pour peu qu’ils soient beaux, c’est l’évidence amoureuse, des yeux où je me noie sans regrets, fussent-ils à des garçons que je connais à peine ; de la charpie virtuelle. Le garçon que j’évoque aujourd’hui est magnifique, d’une beauté sauvage et captivante. Encore une fois je me dissous complaisamment dans les quelques portraits qui traînent sur son site. C’est absurde. Je suis prisonnier d’une quête obscure, à laquelle je me refuse sans cesse pour y revenir toujours.