L’année dernière, je me disais qu’il n’était pas prêt, alors je n’avais pas fait très attention à ses résultats. Du coup j’avais bien merdé : j’avais fait le mort suite à son échec. Il me l’avait reproché ; à raison. Je m’étais dit un truc comme « °g°erboise, tu es quand même un peu égocentrique là, fais un peu plus attention aux gens, surtout quand ce sont tes amis ».

Cette année c’était complètement différent. Après un an de prépa, c’était tout à fait jouable. Même si je craignais qu’il n’ait pas assez travaillé, il travaillait toujours un peu. Coup de stress avant l’admissibilité : l’aura-t-il ? Oui. Ouf, vrai soulagement. Les choses sérieuses vont pouvoir commencer.

L’oral, c’est pas son truc. À l’agreg ça avait été dur. Je me dis que c’est quitte ou double, et qu’il faudra être attentif à ce qui va se passer. Impossible de me mettre ses dates d’oraux dans la tête, je les oublie tout le temps, mais à chaque fois j’essaie de les lui demander à nouveau. Il passe dans les premiers, ça ne l’arrange pas pour ses révisions. Moi ça ne m’affole pas trop, ça m’a fait ça à l’agreg, et ça m’a plutôt bien réussi. Le jury est moins fatigué et donc mieux disposé, ça peut aider.

Les oraux techniques passent, sans trop de casse. Je le sens assez serein pour quelqu’un qui craint l’oral. Le grand O, pareil, pas mal, sans qu’on puisse être sûr de l’effet produit, évidemment. Sur la fin, la fatigue se fait sentir, ses nerfs sont à rude épreuve, j’essaie de serrer les dents avec lui. Après il ne reste plus que le sport, autant dire que ce sont les vacances. Et une petite semaine à stresser avant les résultats. Un petit peu avant, je doute à nouveau, c’est quand même redoutable ce concours.

Je suis à la fnac des Halles, au rayon disques. Mon portable bipe : c’est Stéphane. « Farkas est admis. » Waw. Un petit sourire d’abord, je me dis « Ouais, génial ! ». Puis je rigole franchement, j’ai les larmes aux yeux, et me voilà qui gambade dans le magasin pour laisser l’émotion s’exprimer. Je crois que je n’ai jamais été aussi heureux pour quelqu’un.

*

Bon, eh bien ça y est, je suis sorti avec deux énarques. C’est ce qui s’appelle soigner son réseau de relations.