J’ai reçu ce matin un gentil mail de mon ami DT, lecteur assidu de ce blog. Dieu merci, il n’est pas fan de Syd Matters, il continuera sans doute à me lire un peu… Il se gausse de mon vœu d’abstinence pour un mois, et me demande s’il s’agit de me prouver quelque chose, et si c’est pour en faire le scénario d’un film genre Trente Jours et Trente Nuits, avec comme sous-titre “°g°erboise-----*, pédé, 25 ans, fait le pari de passer un plein mois sans toucher une queue autre que la sienne, mais tous ses copains vont tout faire pour le faire craquer… ”. Et de me demander ensuite si je parviendrais à résister à Laurent.

C’est oublier bien vite que le message s’intitulait Malhonnêteté, et que la Vérité est ailleurs.

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Le temps de l’après-midi invitait à la promenade, avec cette splendide lumière d’automne. Thème du jour : « les hauts lieux de la culture gaie : le Bois de Vincennes ». C’est un lieu de drague archi-connu que je n’avais pourtant jamais arpenté en solitaire. Lapin m’avait fait le tour du propriétaire au printemps dernier, mais ça allait trop vite et ce n’était pas assez carré pour ma petite tête, alors j’étais complètement paumé. C’était quand même un après-midi charmant pour d’autres raisons, et je sentais que cela me ferait plaisir de retourner sur les lieux.

Métro Château de Vincennes, Gorillaz sur les oreilles, l’esplanade du château, Route Dauphine, je coupe le Pod, je contourne la réserve ornithologique, Allée Royale, puis à gauche, Tata Beach numéro 1, avec ses corps très pédés offerts au soleil, en slip, par un, par deux, par bandes de copains, qui se frôlent, se tripotent (salauds, je vous déteste !) avec plein de vélos et de tenues de sport, et avec les chiens des hétéros qui laissent des cadeaux dans les herbes hautes. Je m’amuse comme un petit fou, je mate effrontément, je reluque du côté des bosquets sur le mode « Ouais, ouais, je suis pas né de la dernière pluie, je sais bien ce que vous allez faire là-dedans ». Un grand mec, assez tapiole avec son fute Adidas en polyester gris crème à bandes bleues, m’a repéré ; il se met à me suivre, à me dépasser en feignant le footing tandis que je repars sur l’Allée Royale, puis va se vautrer dans l’herbe le temps que je le rattrape. Je bifurque pour découvrir Tata Beach numéro 2, là je me pose sur la pelouse au soleil, à distance respectable de tout objet libidineux, mais mon poursuivant lâche l’affaire et disparaît.

Maintenant que j’ai en tête la géométrie d’ensemble, je m’aventure dans les sentiers. On y trouve surtout des vieux, dont un totalement collant que je dois rembarrer d’un ferme mais détaché « Je ne suis pas intéressé ». Un autre se tripote à travers son jogging Décathlon en coton gris ; joli pantalon, mais je passe mon chemin.

Je tombe sur une racaille (« Aaaaaah, enfin de l’action ! »), moins jeune qu’on aurait pu l’espérer, look impeccable, les baskets qu’il faut avec le jogging qu’il faut, le crâne à peu près rasé, bronzé, la casquette. De loin on dirait un rebeu, mais ses yeux sont bleu pétant : ah ben ça doit être un céfran, alors. On joue à cache-cache – terrible d’aimer encore ça à nos âges – mais il se touche bien trop souvent l’entrejambe pour ne pas être intéressé. Évidemment, que fait °g°erboise ? Elle vérifie que sa braguette est bien boutonnée, bien entendu !

On s’aborde : « Il y a trop de monde ici, ça t’dérange si on va à l’autre bout là-bas ? — Non, je connais pas l’endroit de toute manière. » Mais en fait il y a du monde partout, ça ne convient jamais. On sort des fourrés, on attend comme deux gros bêtas à la croisée des chemins. Et là je me souviens que je ne veux pas que ça aille plus loin.

Petit intermède publicitaire pour un charmant confrère…
(lien rompu, pointait sur un petit poème parlant de blennoragie)

Je lui file mon numéro. Je ne lui demande pas le sien, je n’ai pas envie qu’il me consterne en refusant de me le donner. Il s’appelle Jean, soit disant. On se serre la main, il rentre chez lui. Moi je repars faire un tour.